Au sujet de ma biographie, je parle de moi comme d'un trentenaire ordinaire. Dans cette rubrique, je pourrais dire qu'il s'agit là du "journal d'un fou". Ce qui, au final, revient au même... Nous sommes tous fous... et en même temps bien plus ordinaires que nous le pensons.
J'ai d'abord pensé que l'ensemble de l'œuvre exposée ici pourrait s'intituler "Autopsie d'un chagrin d'amour" ou tout pareillement "Autopsie d'un embrigadement sectaire", tellement je pensais que la conjugaison de ceux-ci conditionnait entre chaque ligne l'ensemble du projet. Cela dit, ce ne sont que des révélateurs, des contextualiseurs du projet quotidien qu'il m'est naturel de construire, celui qui s'impose de par ma façon d'être, celui sur lequel je travaille depuis que je sais tenir un crayon.
J'ai les canines de ma mâchoire supérieure qui ont poussé en avant, chevauchant les incisives latérales. Ce qui m'a valu à l'adolescence, de la part de certains, le surnom de "Dracula". Un sobriquet qui me plaisait pas mal, ayant pour deux références de Dracula le film de Mel Brooks ("Dracula : Mort et heureux de l'être", avec le "Balance-toi" de Réciprok comme bande originale) et le film de Francis Ford Coppola. Selon la première référence, c'était donc un personnage comique (Leslie Nielsen-Dracula) et selon la seconde, un personnage romantique ayant de plus pour me plaire une vue de l'amour absolue et sanguine très Farmerienne. J'ai toujours refusé bec-et-ongles l'appareil dentaire presque universel à ma génération, lequel se justifiait pourtant bien plus pour moi que pour nombreux l'ayant porté (subi).
L'arme fatale des sectes (et, je suppose, de tous les serial-killers et les truands de l'histoire), c'est qu'hormis pour une poignée de paranoïaques, l'infâme est insoupçonnable. La plupart des gens ne projettent sur les autres que ce qu'ils ont en eux, ce qui leur est étranger leur semble inconcevable. Même en ayant tous les éléments sous les yeux, très peu réussissent à voir l'ignominie de personnes les écoutant avec attention et une apparence de gentillesse. L'empathie est devenue chose rare et qui fait mine d'en témoigner gagne un grand pouvoir, un bel ascendant psychologique (les psychologues et les vendeurs de tout bord savent de quoi je parle...), le "pigeon" peut en arriver facilement à signer un chèque en blanc. Les apparences l'emportent toujours sur la réflexion et le bon sens, spécialement dans la société contemporaine de l'immédiateté où l'on cherche des résultats instantanés sans se soucier de ce qu'ils impliquent. La vie est devenue une course permanente et l'on a plus le temps de regarder les choses posément, on s'attache à la première superstition venue. Je suis toujours sidéré par l'argument récurrent qui ressort lorsque l'on découvre une sombre vérité sur quelqu'un, "oh non ! pas lui (elle), il (elle) a l'air si gentil, si sincère, si innocent, etc"... Comme si quelqu'un avait la moindre chance de monter une arnaque ou de réussir le moindre forfait en se montrant disgracieux ou suspect !
Un bon acteur, un bon humoriste ou un bon auteur, c'est quelqu'un qui te met mal à l'aise, qui t'attrape, qui te scotche, qui te fout les jetons, qui te déstabilise, qui te coupe le souffle. Quelqu'un qui s'affranchit de tout genre et qui dépasse tout ce que à quoi tu peux t'attendre... Quelqu'un qui fait exploser les cadres, qui te sort des contextes de divertissement, de jeu, de spectacle... Quelqu'un qui vient te cueillir à un profond endroit en toi que tu ne soupçonnais même pas.
Une pathologie en pleine expansion est d'être démissionnaire. On démissionne de tout, sur tout. On oublie que toute démission est une procuration, un pouvoir accru offert à quelqu'un ou quelque chose de non choisi. En fuyant ses responsabilités, on se condamne à subir la loi de ceux qui ne le font pas et on sabote le tout auquel nous appartenons.
J'ai la tenace impression que notre société libérale occidentale est placée sous le signe de la religion de la Mort. On peut rire de tout, plus rien n'est sacré... sauf celle-ci. Cette désacralisation serait très saine si elle était globale, mais elle coince devant la grande faucheuse. Dès que la mort pointe le bout de son nez, on tombe à genoux avec un air éploré. Le pire des salauds une fois trépassé devient un saint homme. Celui dont on se gaussait sa vie durant devient soudainement un sujet dont on parle la larme à l'œil. Le simple fantôme de la mort à peine suggéré fait rendre les armes aux plus insolents (du moins dans la pose publique). C'est un système inversé d'une étonnante perversité, c'est la Vie qui doit être honorée et célébrée et non la mort. Le résultat de cette bêtise sans nom est de plus en plus visible au quotidien dans nos symboliques. Ainsi, les affaires de nos ados (et même des plus jeunes et plus vieux) sont de plus en plus macabres, ornées de têtes-de-mort à tout va. Ainsi sont très prisés les restaurants japonais, l'eau de javel, l'art abstrait et les dents dévitalisées. Les seules personnalités à faire réellement l'unanimité sont les décédés. Le plus tenace mécréant peut se mettre à se signer et à prier lorsqu'il voit le masque de la mort planer. La sentence mortelle paraît la plus abjecte et imprononçable quand on n'hésite pas à condamner tout le monde même sans raison à la déchéance, à la torture incessante et à la misère noire. Quel genre de sentiment ou de raisonnement peut pousser quelqu'un à trouver normal de martyriser, frapper, abuser, exploiter, harceler... mais condamner fermement le meurtre ? Celui-ci est quand même un châtiment souvent des plus brefs, la souffrance engendrée (même si elle est définitive) n'est ni pérenne ni renouvelable. Parfois, il n'y a même pas de souffrance, le seul châtiment dans ces cas-là est infligé aux proches du défunt. Objectivement, la mort ne porte pas préjudice à la victime. Elle transforme même souvent cette victime en héros, peut mettre un terme à la souffrance terrestre dont elle est l'objet et selon certaines croyances lui ouvre les portes d'un monde meilleur. Quand allons-nous avoir le courage de faire face aux vraies questions que cela soulève et réévaluer nos codes dictés par nos peurs Moyenâgeuses ?
Un petit mot sur Manuel Valls, qui me paraît le personnage symptomatique d'un malaise profond. L'emblème d'un monde qui marche sur la tête en désespoir de cause. Un homme qui s'alarme de la mort de la gauche alors qu'il en est le fossoyeur. Un homme qui prétend réussir en se positionnant sur une ligne dont personne ne veut. Un homme qui transforme un parti de gauche en parti de droite au mépris de sa base et de ses électeurs. Un homme qui trahit les siens et donne l'impression de vouloir séduire l'autre camp qui ne pourra pourtant bien évidemment jamais le soutenir. Un homme qui créé des concepts improbables et absurdes de sarkozysme de gauche ou d'ultralibéralisme de gauche. Manuel Valls, ou l'histoire d'un type qui a réussi à phagocyter un parti dans lequel il n'avait deux ans avant que 4.8% d'adhésion. L'histoire d'un type qui ne partage pas le bord de son parti mais qui a réussi un incroyable putsch sur celui-ci sans ne jamais s'en remettre aux urnes mais uniquement à des sondages d'opinions. Et puis, je ne trouve pas normal qu'un homme naturalisé Français à l'âge adulte puisse incarner la nation comme ça en tant que premier ministre ou président de la République. Ce n'est pas du tout une histoire de nationalisme, on se fiche de ses origines, je parle de la structure de sa personnalité. Si encore il était issu d'un pays similaire ou qu'il aît grandi ces dernières années dans un monde mondialisé... mais ce n'est pas le cas !! Les premières années de la vie sont celles où l'on se construit. Et Manuel Valls s'est construit dans une Espagne Franquiste très différente de notre pays. Il n' a donc pas du tout notre référentiel de base et il ne pourra jamais rattraper ce décalage. Il ne peut pas comprendre les choses de l'intérieur de façon innée. Son ambition le pousse à prendre le contrôle sur un système qu'il ne connaît que de l'extérieur. Peut-être un tel regard a quelque chose de positif à amener mais n'est pas exempt de périls préjudiciables. Je ne peux terminer sans souligner le pathétisme de l'imitation par Manu Valls de Nico Sarko ou comment un mec peut-il prendre en tous points exemple sur son rival (pourtant trébuchant) pour espérer le battre...
Je suis sûr et certain que Barack Obama ne vient pas seulement de Martin Luther King, mais aussi et surtout de Will Smith. Un black a réussi à la toute fin du vingtième siècle à devenir l'acteur numéro 1 mondial. Une dizaine d'années après, on mettait un beau black président des Etats-Unis. Toute la politique américaine est depuis toujours calquée sur l'industrie cinématographique qui lui sert de laboratoire. C'est intéressant de constater que les femmes sont beaucoup moins cotées à Hollywood, Hilary n'avait donc aucune chance... Cela est-il en train de changer ? Angelina Jolie en sera le révélateur. Cela n'aurait d'ailleurs là rien de révolutionnaire, Marilyn a longtemps vendu Hollywood à elle toute seule.
Un petit mot un peu en forme de plainte au sujet de ce que l'on a inculqué à notre génération...
Je fais là référence aux œuvres qui nous ont été imposées scolairement en cours de Français. Nous avons eu droit au collège puis au lycée à des œuvres curieusement choisies. Parmi toute la richesse de la littérature mondiale, je m'interroge sur cette sélection :
- "Vipère au poing" d'Hervé Bazin : une œuvre assez irrespirable, parfois même nauséabonde, médiocrement écrite, une œuvre pétrie de haine sans vergogne aucune. Un livre qui vous ferait presque préférer la haine à l'amour. C'est presque criminel d'imposer une telle lecture à des adolescents déjà volontiers destructeurs, surtout quand cette haine est dirigée vers la mère qui n'a déjà pas besoin de ça pour être prise en grippe à cet âge.
- "Des souris et des hommes" de Steinbeck. Une œuvre puant la sueur, arborant des valeurs désuètes masculino-masculines dignes de westerns avec John Wayne. Un livre sur l'amitié...qui nous démontre dans ce cas que la finalité de celle-ci est le meurtre de l'ami (comme quoi, on n'avait pas attendu Amélie Nothomb et Robert...). Un livre sur la différence...qui nous démontre dans ce cas que cette différence n'est pas acceptable et qu'elle doit conduire à la suppression de l'être différent (pour encourager les adolescents à s'assumer et à accepter l'autre, c'est magnifique...).
- "Thérèse Raquin" d'Emile Zola. Bien sûr, je ne peux que souligner qu'ici nous sommes bien sûr un cran au-dessus au niveau stylistique par rapport aux deux œuvres citées précédemment. Mais à quel prix... "Thérèse Raquin" est une œuvre perverse, sadique, suffocante, gorgée de mauvais esprit et profondément nihiliste. L'imposer à des personnes âgés d'environ 15 ans est un poison insidieux âprement distillé. Une telle lecture vous ôte le soleil (et je précise pourtant que celui qui écrit ces lignes a lu cet ouvrage à Antibes au mois de mai).
- "Matteo Falcone" de Prosper Mérimée. Une nouvelle sans réelle valeur littéraire. Mais surtout une œuvre violente, outrageusement amorale. Une œuvre prônant les valeurs de la mafia, de la pègre. Quel esprit diabolique peut faire lire cela à des jeunes gens de cette génération déjà trop exposée à ces univers par le Gangsta Rap, les gangs de leurs propres cités, les films de Scorsese, De Palma, Tarantino, etc... ? Le dégoût que ce récit m'inspira en classe de 4ème m'a laissé encore des crampes à l'estomac.
- Et enfin, the last but not least, l'inévitable incontournable sur laquelle on passait toute l'année de 1ère : "Les Confessions" de Jean-Jacques Rousseau. Le dit Rousseau est bien sûr un personnage fort de l'histoire des lettres Françaises, mais ces "confessions" ressemblent plus à une farce qu'à autre chose, peut-être était-ce une provocation ou bien avait-il alors perdu sa santé mentale ? Ces pseudo-confidences ridicules et surannées sont indigestes. Et si l'on doit les prendre au sérieux comme l'Education Nationale nous y incitait, cela ouvre des abysses de pathétique et de sordide. C'est une œuvre entre deux chaises qui ne s'assume pas, un insipide compromis permanent. Cette lecture, au lieu de semer et d'ouvrir des horizons, nous empêtre dans un petit univers glauque et tordu de petites bassesses. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire méditer les jeunes générations sur notre condition limitée et les éloigner des mirages, mais il existe me semble-t-il pour cela des œuvres plus éclairées et plus saines.
Ces lectures contraintes ont notamment donné bien du travail aux psychothérapeutes, j'en suis témoin pour plusieurs cas. Était-ce le but ?
Je fais là référence aux œuvres qui nous ont été imposées scolairement en cours de Français. Nous avons eu droit au collège puis au lycée à des œuvres curieusement choisies. Parmi toute la richesse de la littérature mondiale, je m'interroge sur cette sélection :
- "Vipère au poing" d'Hervé Bazin : une œuvre assez irrespirable, parfois même nauséabonde, médiocrement écrite, une œuvre pétrie de haine sans vergogne aucune. Un livre qui vous ferait presque préférer la haine à l'amour. C'est presque criminel d'imposer une telle lecture à des adolescents déjà volontiers destructeurs, surtout quand cette haine est dirigée vers la mère qui n'a déjà pas besoin de ça pour être prise en grippe à cet âge.
- "Des souris et des hommes" de Steinbeck. Une œuvre puant la sueur, arborant des valeurs désuètes masculino-masculines dignes de westerns avec John Wayne. Un livre sur l'amitié...qui nous démontre dans ce cas que la finalité de celle-ci est le meurtre de l'ami (comme quoi, on n'avait pas attendu Amélie Nothomb et Robert...). Un livre sur la différence...qui nous démontre dans ce cas que cette différence n'est pas acceptable et qu'elle doit conduire à la suppression de l'être différent (pour encourager les adolescents à s'assumer et à accepter l'autre, c'est magnifique...).
- "Thérèse Raquin" d'Emile Zola. Bien sûr, je ne peux que souligner qu'ici nous sommes bien sûr un cran au-dessus au niveau stylistique par rapport aux deux œuvres citées précédemment. Mais à quel prix... "Thérèse Raquin" est une œuvre perverse, sadique, suffocante, gorgée de mauvais esprit et profondément nihiliste. L'imposer à des personnes âgés d'environ 15 ans est un poison insidieux âprement distillé. Une telle lecture vous ôte le soleil (et je précise pourtant que celui qui écrit ces lignes a lu cet ouvrage à Antibes au mois de mai).
- "Matteo Falcone" de Prosper Mérimée. Une nouvelle sans réelle valeur littéraire. Mais surtout une œuvre violente, outrageusement amorale. Une œuvre prônant les valeurs de la mafia, de la pègre. Quel esprit diabolique peut faire lire cela à des jeunes gens de cette génération déjà trop exposée à ces univers par le Gangsta Rap, les gangs de leurs propres cités, les films de Scorsese, De Palma, Tarantino, etc... ? Le dégoût que ce récit m'inspira en classe de 4ème m'a laissé encore des crampes à l'estomac.
- Et enfin, the last but not least, l'inévitable incontournable sur laquelle on passait toute l'année de 1ère : "Les Confessions" de Jean-Jacques Rousseau. Le dit Rousseau est bien sûr un personnage fort de l'histoire des lettres Françaises, mais ces "confessions" ressemblent plus à une farce qu'à autre chose, peut-être était-ce une provocation ou bien avait-il alors perdu sa santé mentale ? Ces pseudo-confidences ridicules et surannées sont indigestes. Et si l'on doit les prendre au sérieux comme l'Education Nationale nous y incitait, cela ouvre des abysses de pathétique et de sordide. C'est une œuvre entre deux chaises qui ne s'assume pas, un insipide compromis permanent. Cette lecture, au lieu de semer et d'ouvrir des horizons, nous empêtre dans un petit univers glauque et tordu de petites bassesses. Je ne dis pas qu'il ne faut pas faire méditer les jeunes générations sur notre condition limitée et les éloigner des mirages, mais il existe me semble-t-il pour cela des œuvres plus éclairées et plus saines.
Ces lectures contraintes ont notamment donné bien du travail aux psychothérapeutes, j'en suis témoin pour plusieurs cas. Était-ce le but ?
Feedback de la "promo" de "D'où leurres et minuties" :
- On m'a souvent demandé si ce roman était un "livre à clef"... Je ne sais pas comment répondre de la manière exacte à cette question :
* Oui, bien sûr, dans le sens où c'est un roman autobiographique et que tous les personnages sont bien des personnages réels (souvent jouissant d'une certaine célébrité) qui sont habillés à différents degrés d'une parure fictive et dont le nom a été changé.
* Mais peut-être que non, dans le sens où cela est présenté d'emblée comme une autobiographie, il n'y a donc pas de jeu de pistes. De plus, le terme "livre à clef" est traditionnellement utilisé dans un contexte de milieu littéraire qui peut être contesté dans ce cas-ci...
- On me pose souvent des questions sur le titre (peut-être dans certains cas parce que c'est tous ce que les personnes me questionnant ont lu...). A ce sujet, je ne révélerais pas la partie imputant aux personnages et que l'on peut découvrir dans le livre. Je dirais que c'est la forme concise d'une déclinaison dont la forme non exhaustive est :
Douleurs et Minauderies, Douleurs et Fièvres, Heures et Minutes, Leurres et Menottes, Réglages et Minuties, Féminin et Masculin, Dolores (l'héroïne du livre) et les hommes, Dolores et ses minuties, Domination et Soumission, Crimes et Châtiments, Cris et Chuchotements, Abstrait et Concret, Maquillage et Chirurgie, Arnaques et Manigances, Nuit et Jour, etc...
* On me demande aussi régulièrement dans quelle mesure Est-ce une autobiographie, qu'Est-ce qui est "vraiment vrai" dans cette histoire ?
A cette question, j'ai envie de répondre tel Robert à propos du "Robert des noms propres" de son amie Amélie Nothomb incarnant sa biographie : "Tout. Tout est vrai." Bien entendu, cette vérité n'est pas crue, elle est fardée (souvent pour mieux en faire ressortir le fond), elle est cuisinée, elle est placée dans un contexte parfois exagéré par jeu comme par volonté de mieux toucher le plus grand nombre, elle est comme passée à travers le miroir du regard des différents protagonistes.
- On m'a souvent demandé si ce roman était un "livre à clef"... Je ne sais pas comment répondre de la manière exacte à cette question :
* Oui, bien sûr, dans le sens où c'est un roman autobiographique et que tous les personnages sont bien des personnages réels (souvent jouissant d'une certaine célébrité) qui sont habillés à différents degrés d'une parure fictive et dont le nom a été changé.
* Mais peut-être que non, dans le sens où cela est présenté d'emblée comme une autobiographie, il n'y a donc pas de jeu de pistes. De plus, le terme "livre à clef" est traditionnellement utilisé dans un contexte de milieu littéraire qui peut être contesté dans ce cas-ci...
- On me pose souvent des questions sur le titre (peut-être dans certains cas parce que c'est tous ce que les personnes me questionnant ont lu...). A ce sujet, je ne révélerais pas la partie imputant aux personnages et que l'on peut découvrir dans le livre. Je dirais que c'est la forme concise d'une déclinaison dont la forme non exhaustive est :
Douleurs et Minauderies, Douleurs et Fièvres, Heures et Minutes, Leurres et Menottes, Réglages et Minuties, Féminin et Masculin, Dolores (l'héroïne du livre) et les hommes, Dolores et ses minuties, Domination et Soumission, Crimes et Châtiments, Cris et Chuchotements, Abstrait et Concret, Maquillage et Chirurgie, Arnaques et Manigances, Nuit et Jour, etc...
* On me demande aussi régulièrement dans quelle mesure Est-ce une autobiographie, qu'Est-ce qui est "vraiment vrai" dans cette histoire ?
A cette question, j'ai envie de répondre tel Robert à propos du "Robert des noms propres" de son amie Amélie Nothomb incarnant sa biographie : "Tout. Tout est vrai." Bien entendu, cette vérité n'est pas crue, elle est fardée (souvent pour mieux en faire ressortir le fond), elle est cuisinée, elle est placée dans un contexte parfois exagéré par jeu comme par volonté de mieux toucher le plus grand nombre, elle est comme passée à travers le miroir du regard des différents protagonistes.
Le phénomène des nuances de Grey démontre encore l'envergure de Jean-Jacques Goldman, nous sommes toujours attirés par l’entre gris clair et gris foncé duquel nous sommes prisonniers et qui nous fascine et résume nos existences.
Ca y est ! Les Etats-Unis sont tombés. Le FMI l'a officialisé, ils n'occupent plus la place de leader mondial. Saluons tout de même le temps qu'aura passé à cette place cette civilisation de gamins. Des gamins qui ont fugué de la terre de leurs parents (l'Europe) et sont partis vivre sur cette démesurément vaste terre d'Amérique comme on le ferait dans un immense parc d'attractions. Les enfants ainsi lâchés, irresponsables et mal élevés, ont d'abord pratiqué le tir sur cibles vivantes, la persécution des autochtones et la course aux œufs de Pâques devenus puits de pétrole. Ils ont épuisé au passage avec arrogance la quasi-entièreté des ressources mondiales, souvent en pur gâchis. Pour se racheter une conscience, ils ont prêché la religion à outrance (en plaçant souvent leur drapeau à l'égal de Dieu). Ainsi absous, ils ont pu se vautrer allégrement dans ce qu'il y a de plus bas. Ils ont fondé une économie basée sur le divertissement, le jeu d'argents, la bagarre, les substances grisantes, le toujours plus fort et... la mauvaise bouffe qu'interdisent les parents. Ils se sont gavés avec outrance et ont mis à genoux les plus sages et les plus anciens en les humiliant un maximum. Ils ont imposé partout leur inculture, leur déraison, leur culte de la performance, leurs immatures valeurs, etc... Il faut le reconnaître, un tel comportement de gosses décomplexés est redoutablement efficace à court terme, mais n'est pas pérenne et dure est la chute. Un modèle qu'envie encore monsieur Sarkozy, il devrait redescendre sur Terre.
Les intégrismes religieux montent un peu partout dans le monde. Cela occupe la grande majorité des conversations et des débats. Et pourtant, j'ai l'impression que l'on passe toujours à côté de l'essentiel... Surtout depuis la tragédie de Charlie Hebdo, nous nous livrons à une promotion d'un monde sans Dieu, d'un dogme athéïste (avec un Dieu ambigu nommé sous le terme de "liberté d'expression). C'est un jeu dangereux auquel nous jouons, beaucoup confondent conscience et divinité. Si l'on exclut Dieu de la scène, comment allons-nous ériger une quelconque morale ou un quelconque appel à la conscience ? Et qu'avons-nous à offrir aux citoyens d'un monde sans Dieu : un culte du pouvoir, de l'argent, de la performance sexuelle, de l'amour romantique, de la rhétorique, de la science ? Je comprends le malaise et la terreur qui s'emparent de ceux qui croient, quand ils se retrouvent confrontés à l'athéïsme brutal et au mépris de ce qu'ils considèrent comme vérité première et supérieure. Il faut se mettre à leur place, lorsque quelqu'un insulte Dieu ou le moque, pour eux il s'agit de l'œuvre de messagers d'une quelconque entité diabolique ou bien de brebis égarées qu'il est un devoir de ramener dans le droit chemin. Le débat est très subtil et épineux, et trop géré par dessus la jambe par des membres convaincus d'un camp ou d'un autre. Personnellement, je n'arrive pas à prendre parti dans cette histoire, je me sens des deux bords. Je comprends ce qu'éprouve le croyant car je suis passé par là étant enfant... Je suis né dans la conviction de Dieu. Et j'étais horrifié du discours mécréant relayé par la pensée unique médiatique Française. Cela était pour moi incompréhensible et source de folie et de peur. Cette peur qui est la mère première de toutes les intolérances et les agressivités. Je me souviens de mon état entre 8 et 15 ans où je pensais devoir nettoyer le monde de toute influence "diabolique". Je me faisais un devoir de protéger ceux que j'aimais de cette infamie, veillant à ce que leur regard n'en trouve jamais la trace (je dissimulais des unes de journaux, des titres de livres dans les magasins, déchirait des pages, faisait du bruit pour couvrir un propos à la radio, sur un disque ou à la télévision). J'étais fasciné par les filles gothiques à qui je voulais offrir un amour pur et enflammé afin que leur cœur fonde et qu'elles retrouvent leurs couleurs et abjurent leur culte morbide. Je me disais qu'il fallait que je combatte sans relâche, avec une vigilance de tous les instants, à empêcher que l'on bascule totalement dans le désacralisé.
Je suis un grand stressé. Fils d'une grande angoissée et d'un grand stressé qui s'ignore (et n'en est que davantage). Personnellement, je me soigne. Et j'arrive même sur le domaine à de beaux résultats, de belles victoires. Mais c'est toujours là, tapi pas très loin, et toujours prêt à ressurgir. Tout ne m'a été que stress durant une grande partie de mon existence. Et je n'ai compris récemment le cycle infernal. Plus le stress m'occasionnait des malaises, et plus je stressais, plus j'avais peur de ce qui pouvait m'arriver, plus je pensais que mon stress était justifié. Je ne réalisais pas que le stress était au final ce que je redoutais le plus au monde. Ce stress qui devient vite panique et qui fait tout rater et qui nous plonge dans une douleur plus forte que celle dont il se croit garde-fous. Je m'applique comme hygiène de vie de bannir le stress le plus possible, ce stress qui est mon meilleur ennemi, mon ennemi intime. Je le rejette dans tous les cas excepté celui où il est constructif car enclenchant une réaction de protection au danger. Paradoxalement, je suis un créatif. Depuis toujours. Ce n'est même qu'en tant que créatif que je conçois toute forme de travail. Et la création est un stress incroyable. Un processus pénible, éprouvant. Ce n'est pas pour rien que l'on dit "accoucher d'une œuvre". Tous les états se succèdent avec une surnaturelle intensité. On aime son œuvre autant qu'on la déteste, on la chérit autant qu'on la maudit. On a peur d'elle comme si elle se substituait à nous, comme si elle nous étouffait et nous vampirisait. On s'emballe pour la postérité à laquelle elle peut être promise tout en étant effrayé par l'idée qu'elle nous survivra, qu'elle nous figera dans le marbre à un instant T dont nous ne sommes pas conscients de tous les tenants et les aboutissants. A cela s'ajoute la peur que l'inspiration ne revienne plus ou de ne pas savoir la saisir (l'angoisse de la page blanche et celle de l'absence de stylo). Il peut aussi y avoir la peur du jugement extérieur et la peur d'avoir trahi l'inspiration initiale, d'avoir gâché, de s'être fourvoyé. Il peut aussi naître un illégitime sentiment de puissance qu'il faudra combattre si l'on veut éviter la douloureuse chute. Un équilibre doit être trouvé et maintenu. La création, c'est beaucoup de transpiration. L'inspiration est belle, lorsque l'œuvre est accomplie notre cœur se comble d'une joie suprême. Mais ce ne sont que des instants brefs, tout le reste de la conception est un quasi-supplice fait de tant de doutes et de revirements. La création est une bénédiction enivrante pour laquelle on n'éprouvera jamais assez de gratitude, mais il y a un prix à payer. La vie d'une œuvre est un miracle qu'on ne comprendra jamais. Et cette nature miraculeuse n'est pas rassurante, on ne sait pas si la magie va réopérer, on ne connait même pas de recettes à cela. Et peut-être le fait d'être créatif vous éloigne-t-il encore plus du processus se déroulant... On ne peut pas expliquer ce qui se passe, comment tout cela peut un moment prendre forme envers et contre tout. Tout d'abord, primordialement, comment l'absurdité du monde peut-elle permettre que l'on s'aventure à exprimer la moindre forme travaillée ? Comment un être misérable comme les humains que nous sommes, errant dans un monde où tout nous dépasse, peut-il véritablement créer quelque chose, ne fût-ce qu'une mixture de choses déjà créées ?
Il est incroyable qu'il puisse exister encore de nos jours des gens pour vanter un modèle libéral hérité de circonstances passées. De même qu'à l'opposé, il est risible (si ce n'était pathétique) qu'il puisse exister des choses telles "Lutte Ouvrière". Un parti qui n'a rien changé depuis sa création en 1939, qui ne s'est pas rendu compte du tout de l'évolution du monde. Ils s'adressent uniquement aux travailleurs... mais nous ne sommes plus au dix-neuvième siècle, bientôt leur "Travailleurs, travailleuses" ne concernera plus personne.
19 mars 2014 - Nous sommes vraiment actuellement en France à fond dans la dualité. Il n'y a qu'à opposer la une du Figaro et celle de Libération pour s'en rendre compte. Opposition exacerbée que reflètent particulièrement les opinions très contrastées sur madame Christiane Taubira. Ce clivage droite-gauche est d'autant plus impressionnant qu'il est surprenant et incompréhensible pour ma génération. Je suis un enfant de la cohabitation. Nous n'avons jamais vraiment vu de différences entre Jacques Chirac et Lionel Jospin ou entre François Mitterrand et le même Jacques Chirac. Cette fracture profonde était jusque là pour nous presque invisible. Aujourd'hui on a l'impression, surtout dans Paris, qu'on va assister à une guerre civile Bobos vs. Réacs. Il est étrange que cette division ressorte de manière si probante juste au moment où la gauche au pouvoir mène une politique économique libérale de droite et où des personnalités comme Marine Le Pen, Dieudonné M'Bala-M'Bala, Natacha Polony ou Nicolas Dupont-Aignan brouillent totalement les cartes sur cette question. Peut-être un dernier soubresaut spectaculaire avant la disparition...
En écrivant Voler en éclats, je me suis rincé l'âme (pour reprendre la belle expression de Louis de Funès au sujet du tournage de Rabbi Jacob).
En écoutant l’enivrante
« Rivière » de Stephan Eicher (puissant texte de Philippe Djian) et songeant à l'interdiction bravée par le Suisse que lui avait faite les Japonais d'interpréter ce titre chez eux pour cause d'"incitation à la paresse", je
repense à l’ambitieux film « Adaptation » de Charlie Kauffman et le
questionnement qu’il pose. L’alter-ego de Kauffman, joué par Nicolas Cage, souhaite
écrire un film ressemblant à la vie de tous les jours, un film où il ne se
passe de rien. Puis, il participe à un séminaire d’un type brutal qui s’indigne
de son intention et lui rappelle qu’il se passe à chaque instant des drames,
des catastrophes, des ruptures, des décès, des naissances, etc… Le film semble
donner raison à ce type. Pourtant, à mon sens ce point-de-vue est déplacé, à
l’opposé de la démarche du bonheur, du bon sens et du sens artistique. Ce n’est
pas parce qu’il y a pour une fraction minimale de la population des évènements
spectaculaires que nous devons obligatoirement braquer les spots et les
objectifs sur ceux-ci. On n’en peut plus, on est hagard de ce bourrage de crâne
voyeuriste de l’horreur, de la tragédie ou du mérite d’une petite poignée. Ce
spectacle est pornographique, nous exhiber ainsi ce qui arrive de spectaculaire et
d’impressionnant à une petite poignée est une entreprise de destruction massive
de l’esprit critique, de l'estime de soi, du bonheur et de l’individualité. Le JT, les revues
« choc » et l’hypermédiatisation des performances sportives de haut
niveau sont les meilleurs exemples de cet abrutissement de l’extrême, de
l’improbable. Démarche habituelle des systèmes tyranniques de tous les temps qui
consiste à nous détourner par les meilleurs moyens de notre vérité profonde, de là
où sont tous nos trésors, tout notre bonheur. Démarche qui cherche à dévaluer
notre corps, notre quotidien, notre existence. La mort et la naissance font
partie d’un cycle de vie qui n’a ni début ni fin, ce ne sont pas des évènements
en soi, tout est évènement, la vie est un miracle dans toutes ses expressions.
Il faut à tout prix sortir de ce cycle infernal qui nous fait ne nous sentir en
vie que lorsque nous nous sentons en danger, de réaliser ce que l’on a que
lorsqu’on l’a perdu. Il est une nécessité salvatrice de cesser de rechercher le
sang, le toujours plus, la violence, la souffrance. Nous faisons notre malheur
globalement sous prétexte qu’il existe du malheur à certains endroits.
Imaginons-nous comme des cellules, elles auraient connaissance via un internet
intracorporel du triste sort de trois d’entre elles à l’autre extrémité. Cette
petite attaque sans gravité deviendrait donc l’attention générale du corps
entier et l’entièreté de celui-ci se mettrait à dépérir par inquiétude,
empathie ou fascination morbide. J’ai envie de rappeler à monsieur Kauffman,
que je considère comme un honorable confrère, que la démarche artistique doit
être tout l’inverse, de semer des petites pépites qui guident l’auditoire vers
sa réalité, sa sensibilité, sa réactivité, comme on éveillerait la sensualité
d’un corps. Oui, il est bon de raconter des histoires où il ne se passe rien
aux yeux monstrueusement déshumanisés de l’AFP.
Il est étonnant que la société contemporaine s'acharne à prolonger sans cesse la durée de vie. Parce que, si l'on suit bien le raisonnement en place : il faut des résultats et il faut arriver au but au plus vite. Or, le but de toute vie est la mort, quoiqu'aient été les étapes, le résultat final est celui-ci.
Les méthodes de communication actuelles sont quand même très pernicieuses pour l'intégrité de la langue Française. Et je ne parle pas ici seulement de ce dont on parle tout le temps (langage SMS, anglicismes, etc...). Cela va au-delà, l'orthographe en prend par exemple un sacré coup. Moi qui n'ai jamais fait une seule faute à une dictée, je me retrouve maintenant à parfois en commettre de grossières (et je remarque que je ne suis pas le seul, beaucoup de mes correspondants très lettrés sont aussi atteints). Pourquoi ? Je pense que pour beaucoup cela vient du fait qu'avant tout ce que l'on lisait était parfaitement orthographié... Ce qui, au passage, me rendait incompréhensible les fautes d'orthographes de monsieur-tout-le-monde, comment pouvait-il en faire alors qu'il était toujours exposé à la correction parfaite ? Maintenant, c'est l'inverse, avec les médias modernes, la mondialisation et les cadences infernales les fautes d'orthographe sont partout (sans parler des simples fautes de frappe), tout le monde y va de son blog et de son commentaire. On est donc exposé sans cesse à des orthographes approximatifs, ce qui démultiplie dans notre cerveau les possibilités... Il n'y a plus le correct et l'incorrect, il y a un marasme. Déjà qu'à force de tout taper sur un clavier, nous ne savons plus écrire de notre main, bientôt nous ne nous exprimerons plus qu'en smileys...
L'émotion est ce qui
nous fait exister. La source vive de la vie, de laquelle nous sommes
tributaires mais pour laquelle nous n'accordons aucune attention (ou sauf dans
les situations extrêmes), est là, nous tendant les bras à chaque instant. Si
nous continuons de l'ignorer, nous fonçons dans le mur (peut-être est-il
d'ailleurs globalement trop tard, mais individuellement tout peut changer, et
comme le monde n'est qu'une somme d'individus...). L'humanité palabre depuis
des siècles parce qu'elle a perdu le fil, elle a soustrait à la vérité des
principes, des constructions et des lois. De même que la vraie monnaie a
disparu pour n'être plus que de simples bouts de papier dont la valeur
correspondante est devenue inexistante et virtuelle, nous vivons dans une virtualité.
Prendre le risque de se réveiller peut-il être plus risqué que de continuer à
nous autodétruire par inconscience et cupidité ? À nous de voir... Concrètement,
si nous voulons revenir sur cette belle planète bleue dont nous faisons partie,
posons-nous, arrêtons de penser en termes de devoirs, arrêtons d'alimenter un système
qui nous détruit, arrêtons de vouloir fuir. Regardons, écoutons, ressentons,
méditons, admirons, exprimons. Nous trouvons cela inconfortable ? C'est la
meilleure raison possible pour continuer, parce que nous ne pouvons pas laisser
vivre au fond de nous en permanence cet inconfort, il nous faut l'affronter
pour le dépasser. Faire ce dont nous avons vraiment envie, c'est cela la
"sagesse". Le monde n'est pas régi par un vilain tentateur, l'envie
(lorsqu'elle est profonde) est le langage de notre âme. Personne ne sait mieux
que nous ce qui est bon pour nous. Personne ne sait mieux que notre être ce qui
est bon pour lui. Le langage de notre être n'est pas celui de votre intellect,
c'est celui de nos émotions. Nos émotions ne mentent pas. Désolé de vous
décevoir, mais nous ne sommes que des vecteurs de la Nature, régis par elle.
Nous nous demandons trop souvent la finalité de notre existence, c’est un
processus de notre mental formé à appréhender le futur. Nous sommes le but à
chaque instant.
Un petit mot à ceux qui pensent que "Chute Ascendante" est un non-sens. C'est pourtant au-delà du sens symbolique une chose parfaitement basiquement concevable : il suffit que le pôle gravitationnel entraînant la chute ne soit pas celui régissant l'ensemble de la configuration dans laquelle l'élément en chute est placé et que ce pôle ne soit pas situé en bas mais en haut. Dès lors, le corps étant en chute est également mû par un mouvement ascendant. Est-il aussi utile de préciser entre autres la portée poétique, la référence astrologique... Une "chute ascendante", au-delà d'être une chute du bas vers le haut, c'est une chute prenant l'ascendant sur le reste, exerçant une puissance sur l'ensemble de type déformante. L'histoire du roman est pleinement une "chute ascendante". Ce titre s'est imposé à moi dans toute sa contradiction, dans tous ses flux opposés, dans tout son vertige... Titre évocateur et révélateur de toutes ces merveilles et de tous ces abîmes qui se sont présentés parfois simultanément à moi dans cette aventure. Et il y a aussi bien sûr, dans ce choix, dans tout ça, une référence au chanteur-auteur Russe Igor Ivanov, dont un spectacle de 2010 s'intitulait "Une chute ascendante".
J'appréhende souvent mon corps comme un bâtiment (de type hôpital ou lycée), mais le plus souvent c'est la France qui représente mon corps dans ma symbolique intérieur. Peut-être le seul pays structuré comme un corps humain (dans sa version Métropolitaine), avec les bras Alsace et Bretagne et les jambes un peu écartées comme dans un saut de joie (et même aussi la poignée d'amour Haute-Savoie, les orifices symbolisés par les estuaires de la côte ouest, les oreilles Ardennes et Cotentin, le galbe Vendée de la poitrine, etc...). Beaucoup d'autres pays ne semblent incarner qu'un organe ou un membre (cœur pour l'Uruguay, colonne vertébrale pour le Chili, jambe pour l'Italie...).
Je suis un grand amoureux des chansons. Et de la Chanson. Je place cela comme une discipline majeure, un art majeur. Si je disserte avec aisance dans de nombreux formats d'écriture, je n'ai jamais été pleinement satisfait d'un texte conséquent que j'aurais écrit dans le but d'être chanté. Je ne sais pour l'heure pas pratiquer la haute alchimie entre la création textuelle et la création musicale. Le monde contemporain a désacralisé la chanson. De nos jours, on écoute en streaming, on trouve n'importe quel titre sur un moteur de recherche. Les chansons ne se font plus désirer, ne tissent plus de toiles afin de nous guider progressivement vers elle au gré d'informations glanées ici et là. Si on veut se l'approprier, on télécharge alors la dite chanson en deux secondes. Et voilà... on écoute, réécoute automatiquement (sans même avoir de bouton à presser), puis on garde ou on balance. On n'est plus engagé. Et on n'ouvre plus d'espace particulier pour que cette chanson existe et nous imprègne. Elle vient intégrer une playlist de chansons au kilomètre. Il n'y a plus de rareté, ni de silence dans lequel la chanson peut se placer. Dans mon enfance, c'était quand même autre chose. La joie de trouver un 45-tours. Caresser l'objet dans l'attente du plaisir sensuel que ce serait de le jouer et de l'écouter. Le serrer contre son cœur pendant tout le reste des courses à faire puis pendant tout le trajet jusqu'à la maison. La pochette était une grande partie de la chanson elle-même, elle plantait un décor, confectionnait un univers, un champ lexical, une ligne directrice. Mettre le diamant sur la galette noire sillonnée était un acte cérémonieux qui exigeait une certaine dextérité physique. Ce n'était pas une science exacte, on pouvait se tromper et faire tourner la pointe dans le vide ou encore faire débuter la chanson en plein milieu. Tout cela était d'une ambiance feutrée exquise, une invitation à la délicatesse, à l'écoute profonde. On était dans une vraie démarche d'accueil, de disponibilité de cœur et d'esprit. C'est sans doute pour cette raison que la majorité des tubes d'aujourd'hui sont des tubes-kleenex et que les tubes des années 60-70-80-90 ont la peau dure. On a créé un lien plus étroit et plus solide avec ceux-ci que nous n'avons la possibilité de le faire avec les infortunés chefs-d'œuvre du vingt-et-unième siècle. Je pousserai en parlant des scopitones, ceux-ci n'avaient rien à voir avec les clips-vidéo contemporains. De nos jours, on est assommé d'images se succédant à un rythme effréné et inintelligible. Tout renifle de loin le vide et le culte stérile de l'apparence. Les couleurs et les lumières nous agressent comme produites par un stroboscope. La violence des montages et de ces artifices nous ferment jusqu'aux oreilles. Ne peuvent s'en sortir que quelques obsédants refrains. Dans le meilleur des cas, nous sommes stimulés sexuellement ou romantiquement. Les scopitones, eux, restaient dans une structure narrative évolutive compréhensible. Ils ne cherchaient pas à nous en mettre plein la vue mais jouaient tout en délicatesse sur les mêmes cordes que la chanson. Une atmosphère était recréée, mettant en valeur une toile de fond. On restait dans une simplicité nous menant plus à l'artiste. Ils illustraient la chanson telle une carte postale, avec un rien de poésie, assumant leur statut de faire-valoir n'offrant qu'un écrin temporaire. De toute façon, je n'aime pas l'idée de base du clip-vidéo. Le résultat est toujours frustrant, toujours trop réducteur, toujours trop visuel, toujours manquant de sensibilités. On ne peut pas figer en images des chansons. Celles-ci sont bien trop puissantes, bien trop riches et insaisissables. On ne peut au mieux qu'en saisir, pour la montrer, une seule facette de leur spectre kaléidoscopal. On ne peut en détacher qu'un seul axe de lecture ne pouvant refléter la pérennité que porte une chanson. D'aucuns pensent que certains films ont fait des tubes, je pense que c'est faux. Ce sont toujours les chansons qui font les films. Même des œuvres de manufacture très moyenne comme Dirty Dancing deviennent sublimes lorsqu'elles sont orchestrées par de grandes mélodies. La nature d'une chanson est si fascinante. Elle ne rencontrera jamais de murs qu'elle ne pourra faire tomber. Elle rebondira à tous les échos, se diversifiera à tous les vents, renaîtra de ses cendres à la magie de toutes les voix, prendra du volume au fil des années. Une chanson prend presque toujours du galon, et même de naissance modeste elle peut finir grand cru millésimé.
Il me semble quand même qu'il y ait un problème dans l'édition littéraire en France. Si ce n'est lorsque l'on a affaire à de la littérature de genre (polar, SF, sentimental ou érotique), les éditeurs rechignent à publier des auteurs ayant un style différent de ce qui est publié usuellement dans les milieux dits littéraires. Et pourtant, cet usage conduit bien souvent le grand public à se désintéresser totalement de cette littérature qu'il juge ennuyeuse. On peut facilement arriver à l'image drôlissime que pour être édité, un auteur doit écrire d'une certaine façon "littéraire", mais qu'ensuite, cette façon-même le conduira à n'être pas lu. Plaire à la profession et plaire au public devient de plus en plus un grand écart dans l'art (je ferais remarquer au passage qu'on ne peut accuser le public d'hypocrisie dans ses choix et dans ses goûts et le taxer de mauvais goût par manque d'éducation est d'une odieuse suffisance, nous vibrons tous à peu près pareillement). Je comprends bien que ce soit un cercle vicieux, puisque le grand public ne s'intéresse pas à ce qui se publie, alors on ne peut pas éditer des œuvres le visant puisqu'il n'y prêtera aucune attention. Il semble donc sûrement sage, dans une logique d'étude de marché, de continuer donc à proposer un type d'ouvrages bien conçu pour le public s'intéressant à la littérature. Cependant, on perd toute chance d'élargir d'horizon, toute chance de transgresser les lignes, toute chance d'être universel et novateur. Mais c'est le problème global économique comme artistique ou autre, on investit uniquement sur ce qui a déjà prouvé son succès ou ce qui est attendu, on passe donc à côté de tout souffle nouveau et donc de toute vraie grande réussite universelle. On n'écrit plus l'histoire, on ressasse inlassablement dans les mêmes sillons. Jusqu'à quand ? On étouffe !
Quelqu’un m’a dit l’autre
jour, « tu as de la chance d’avoir
une bonne éducation et d’être très intelligent ». Vraiment pas sûr que
ce soit une chance ! Les gens qui ne comprennent pas grand chose, ne se posent pas de questions et vivent
insouciamment, sont beaucoup plus aptes à être heureux. Ils ne se rendent pas
compte de la vacuité de tout, et d’à quel niveau nous sommes abusés et que les
raisons d’espérer sont fort minces. Leur ignorance peut d’ailleurs non
seulement les rendre heureux mais en plus les amener à accomplir des
miracles : « ils ont réussi par ce qu’ils ne savaient pas que c’était
impossible ». La simplicité conduit au bonheur. Il n’y a rien de glorieux à avoir du savoir ou de la
comprenette. Je me sens un peu comme l’extra-terrestre possédant la petite fille
dans le film « Amazone » de
Philippe de Broca. J’ai envie d’innocence, envie d'ignorance.
Maxime n’avait pas vraiment l’air, dans la voiture
l’autre jour, d’apprécier l’idée que j’émettais de faire croire que Konstantin Rudnev et "Ashram
Shambala" ne soient en réalité que les fruits de mon imagination. Une promotion anticipée
de mon roman à venir avec un grand nombre d’acteurs payant de leurs personnes.
La civilisation que nous connaissons est en train de s'écrouler. Vous pouvez toujours vous hypnotiser de la façon où vous voulez, nous fonçons de toute façon dans le mur sans retour possible. Et ceux qui refusent de voir cela, même avec les meilleures intentions du monde (faire du positivisme ou rassurer), ne font que compliquer l'équation et nous exposer à terme au danger : on devrait préparer la transition à la civilisation prochaine et ce n'est pas en croyant notre modèle immortel, comme d'autres pensaient le Titanic insubmersible, que nous facilitons l'avenir et aidons la Terre.
La religion a toujours été l'instrument miraculeux dans la main des puissants voulant nous asservir. Déjà parce que, au-delà de baser notre fonctionnement sur des croyances creuses et de détourner notre esprit de notre intérieur où réside la clef de tout, on y fait le culte de la pauvreté. De la pauvreté matérielle et même de la pauvreté d'esprit. On fabrique donc à la pelle des sots pauvres et peureux (la peur de Dieu ou de l'enfer). Et ces malheureuses victimes sont en plus contentes de leur statut et méprisent les riches et ceux qui les gouvernent. Ils sont tellement endormis qu'ils sont satisfaits de leur sort et en tire même orgueil. Leur petite illusion de liberté les déconnecte de la réalité. Ces masses s'endorment le soir en pensant à tous les cadeaux qu'elles vont récolter dans l'au-delà de s'être si vertueusement comportés, d'avoir si vertueusement vécu de labeur, d'honneur et de pauvreté. Les moutons sont heureux de tendre l'autre joue et de se faire abuser jusqu'à la moelle... On fait accepter à quelqu'un les pires choses en décalant sa conscience en lui faisant croire à d'autres dimensions, d'autres univers...
De plus en plus, nous remarquons (sauf en été) que les populations de nos civilisations ne sont plus que des silhouettes anonymes affublées de manteaux noirs. Partout, dès qu'il y a un groupe de gens, ce sont des manteaux noirs. Dans les grandes foules, c'est encore plus flagrant... Que des clones s'appliquant à cacher leurs formes et leurs émotions dans de grands vêtements noirs ! Ces silhouettes sont d'autant plus flippantes que les visages s'appliquent à se standardiser, à se neutraliser, ils ne laissent rien dépasser et gomment tout signe distinctif ou beauté personnelle. Je salue au page la compagnie de théâtre "Les Blancs Manteaux", il en faut du courage aujourd'hui pour être un blanc manteau, c'est un beau contre-pied. Je prie pour qu'ils puissent contaminer, nous avons besoin de manteaux blancs ou colorés pour pouvoir encore respirer et être ce bel arc-en-ciel que nous sommes en nos cœurs.
Conversation e-mail entre Maxime et moi :
Le 13 mai 2013 à 17:41, Alban Bourdy <[email protected]> a écrit :
L'espace d'un moment, j'ai vu : - Maxime Hassid - Alban Bourdy... et je me suis dit que je ne connaissais pas ces deux personnes. Ils me sont apparus avec toute la froideur avec laquelle m'apparaissaient les hommes quand j'étais enfant, je ne connaissais que les femmes et ne vivais que dans un monde conjugué au féminin. Deux prénoms évoquant le latin (on revient à celui que tu perds) : l'importance et la blancheur, tout un programme ! Si on pousse la déclinaison : la grandeur et la pureté. Après, au nom de famille, le dénommé Alban ne tient pas la corde et s'effondre piteusement. Au premier qui abhorre la richesse du hassidisme, il répond par un nom grotesque, une bourde. S'appeler Bourdy, c'est un peu comme s'appeler Gaston (ou Vincent) Lagaffe. D'ailleurs, le sévère constat aurait déjà pu s'appliquer rien qu'au prénom : au fier Maxime, "le plus grand", s'oppose un fantomatique anagramme inversé de "banal". Et après, j'ai vu plus loin, Soledad, et là je me suis dit...c'est l'étoile que je suis (du verbe "suivre"). Au sujet de ton propos : Vraiment ? Toi et ton sens pratique, on te traite du qualificatif inverse de "terre à terre" ? et c'est quoi l'inverse de "terre à terre" ? planeur, rêveur ? Ce serait curieux... parce que Soledad m'a toujours confié s'auto-juger elle-même de la sorte, ce que je trouvais tout aussi farfelu la qualifiant que ce peut l'être pour toi. Si vous deux, vous êtes des rêveurs, alors personne n'est "réel", personne n'est habité de conscience !!
Le 13 mai 2013 15:10, Maxime Hassid <[email protected]> a écrit :
Moi... j'aime ton nom. Je le trouve beau et ne l'ai jamais associé à "bourde". Associé à "Alban" il est encore plus beau.Pour le reste... j'y reviendrai car je suis super "pressé" dans le sens propre du mot... et stressé.. mais heureux.Je t'embrasse,P.S. : Cela fait du bien de se faire traiter de terre à terre de temps en temps. Normalement, et par Soledad la première, c'est plutôt le qualificatif contraire que je reçois.
À bientôt, Maxime.
Le 13 mai 2013 à 17:41, Alban Bourdy <[email protected]> a écrit :
L'espace d'un moment, j'ai vu : - Maxime Hassid - Alban Bourdy... et je me suis dit que je ne connaissais pas ces deux personnes. Ils me sont apparus avec toute la froideur avec laquelle m'apparaissaient les hommes quand j'étais enfant, je ne connaissais que les femmes et ne vivais que dans un monde conjugué au féminin. Deux prénoms évoquant le latin (on revient à celui que tu perds) : l'importance et la blancheur, tout un programme ! Si on pousse la déclinaison : la grandeur et la pureté. Après, au nom de famille, le dénommé Alban ne tient pas la corde et s'effondre piteusement. Au premier qui abhorre la richesse du hassidisme, il répond par un nom grotesque, une bourde. S'appeler Bourdy, c'est un peu comme s'appeler Gaston (ou Vincent) Lagaffe. D'ailleurs, le sévère constat aurait déjà pu s'appliquer rien qu'au prénom : au fier Maxime, "le plus grand", s'oppose un fantomatique anagramme inversé de "banal". Et après, j'ai vu plus loin, Soledad, et là je me suis dit...c'est l'étoile que je suis (du verbe "suivre"). Au sujet de ton propos : Vraiment ? Toi et ton sens pratique, on te traite du qualificatif inverse de "terre à terre" ? et c'est quoi l'inverse de "terre à terre" ? planeur, rêveur ? Ce serait curieux... parce que Soledad m'a toujours confié s'auto-juger elle-même de la sorte, ce que je trouvais tout aussi farfelu la qualifiant que ce peut l'être pour toi. Si vous deux, vous êtes des rêveurs, alors personne n'est "réel", personne n'est habité de conscience !!
Le 13 mai 2013 15:10, Maxime Hassid <[email protected]> a écrit :
Moi... j'aime ton nom. Je le trouve beau et ne l'ai jamais associé à "bourde". Associé à "Alban" il est encore plus beau.Pour le reste... j'y reviendrai car je suis super "pressé" dans le sens propre du mot... et stressé.. mais heureux.Je t'embrasse,P.S. : Cela fait du bien de se faire traiter de terre à terre de temps en temps. Normalement, et par Soledad la première, c'est plutôt le qualificatif contraire que je reçois.
À bientôt, Maxime.
Ecoutez la version originale de "La craie dans l'encrier" de Catherine Lara, avec Gilbert Montagné et Cécile Nougaro. C'était en 1974. Vous réaliserez que Michael Jackson a tout pompé à notre Stevie Wonder national.
La pensée unique s'accorde aujourd'hui à condamner la mégalomanie. Et après, on s'étonne qu'il n'y aient plus de Michael Jackson, de Diego Maradona, de Pablo Picasso, de François Mitterrand, de Claude François, d'Alfred Hitchcock, de Salvador Dali... et qu'on ne trouve à leurs places que des nazes. Mais il faut savoir ce qu'on veut...
Nous avons toujours la
fâcheuse tendance d’adopter une politique du court-terme, que ce soit lorsque
nous regardons vers l’avant comme lorsque nous regardons en arrière. Ce qui
arrive est toujours la conséquence du passé, mais nous ne savons pas
l’identifier, et nous préférons y voir là une opération mystérieuse ou
arbitraire. Nous adoptons un comportement de victime qu’affectionne l’humain de
manière générale. Tout arbre a des racines, toute créature est prédestinée par
son ADN. Les situations que nous vivons ne sortent pas ex-nihilo, elles ont des
bases et des facteurs provoquant. Cela est valable collectivement comme
individuellement. Collectivement, aujourd’hui, nous sommes dans un monde qui a
été pensé par nos aînés pour nous éviter le moindre effort, pour faire faire la
besogne par des robots, pour nous faciliter la vie en tout. C’est donc un
combat perdu d’avance que de vouloir créer des emplois, il faut d’abord en
amont insuffler une dynamique différente, recréer une nécessité d’activité. Nos
aînés ne nous ont pas préparé à être actifs, ils nous ont préparé à nous
pavaner insouciamment et à jouir sans limite. Le fameux mot d’ordre de la
seconde moitié du vingtième siècle « Jouissons sans entrave ! ».
Si nous étions disciplinés à ceux qu’ils prévoyaient, nous nous contenterions
de dire « Alors jouissons… ».
Mais cette optique ne mène à rien, il faut repenser les choses autrement, et
commencer par casser tous les codes d’une société de travail à qui l’on a porté
le coup fatal il y a une trentaine d’années. Les braises ne reprendront pas, il
faut s’atteler à un nouveau foyer, cesser de s’en prendre aux jeunes, ça ne
fait que les renforcer dans leurs travers. « Innover » est un mot qui
tend à disparaître de notre vocabulaire, c’est l’ère des études de marché, des
incessants sondages et enquêtes d’opinions. Sans doute parce que celui qui
innove sait qu’il peut se tromper, et que s’il a raison ça ne sera que sur du
long terme, à court-terme il n’y a pas beaucoup de profit à faire. Et le profit
à court-terme, c’est le nerf de la guerre quotidienne affairant les individus
contemporains.
Quand j'étais gamin, je ne comptais pas sur mes jambes que je savais peu fiables, mais en revanche je comptais sur mon cerveau comme un outil omnipotent, suprême et infaillible. Aujourd'hui, à trente ans, je n'ai pas acquis plus de confiance en mes guiboles, mais ma cervelle n'est vraiment plus ce qu'elle était et je la sens souvent en surchauffe, souvent naïve et mécanique et parfois comme nécessitant une mise sous tutelle. Ce qui fait qu'aujourd'hui, je compte encore davantage sur mes cannes. Sachant que désormais je me méfie aussi de mon cœur et de ses emballements, c'est dire si je n'ai pas grand chose à quoi me raccrocher.
Lorsque j'étais comédien, on m'attaquait sur mon égo (moi le premier). Ecrire, cela demande aussi un sacré orgueil... Croire que ce qu'on a à dire est intéressant. Déjà parler, quand on le fait en conscience, c'est une sacré responsabilité. Voire même penser. D'un autre côté, pour écrire quelque chose de qualité et qui trouve écho, il faut en même temps preuve d'une impérieuse humilité.
J’ai
horreur des dimanches. La déprime du dimanche 10 heures, du dimanche 15
heures et du dimanche 18 heures (cette dernière est paradoxale, on est encore dans le désappointement dominical et en même temps poind l'angoisse de la semaine qui va repartir, de ce lundi matin inexorable). J'ai toujours eu mal à la tête les dimanches après-midi, en regardant Jacques Martin comme Michel Drucker. Pourquoi faut-il un jour où tout s’arrête ? Comment supporter cela ? D'un seul coup, c'est comme si tous les efforts étaient vains, tous les possibles anéantis. Plus personne au bout du fil que l'ironie froide du calme plat. On a l’impression que la vie est en
stand-by... c’est insupportable, effrayant. On a l’impression sur cette question que la vie est restée figée sur une notion moyenâgeuse. Une notion basée sur des concepts archaïques fondés sur la peur de "Dieu". Bien sûr, il faut des temps de jachère à tous et à toutes choses. Certainement, il faut savoir débrancher et s'arrêter. Mais pourquoi diantre tout le monde en même temps ? Et surtout dans ce formatage de temps fatalement inadapté aux cas particuliers dont nous ne sommes qu'une somme ? Il faudrait un jour de repos dans la
semaine qui soit différent selon les personnes. Il faudrait que toutes les permanences
soient ouvertes 24/24 7/7. J'ai soif d'un monde qui soit comme le New-York de la légende, un monde qui ne dorme jamais.
Toujours une lumière allumée, un plat chaud prêt à être servi pour tous les
pèlerins de l’âme.
Si je devais un jour entrer dans une arène
surchauffée pleine à ras-bord, avec du peuple à perte de vue comme en
Angleterre, la chanson que j’aimerais interpréter en premier est le « Ooh la la » de David Hallyday. Je
ne comprends pas que l’on ne fasse pas plus grand cas de ce titre, cela dégage
une force exceptionnelle, le père de son créateur aurait pu allumer le feu sur
scène sans nul autre pareil avec ce morceau. Quand David, jeune ange blond
qu’il était alors, entonnait « Ooh la la » sur scène, quelle gueule ça
avait !! Mais cela pourrait encore prendre plus d’ampleur dans des stades,
auprès de foules plus considérables.
Un
manège dans le parc de Blossac (Poitiers) qui diffuse un « best of » de Rod Stewart. Sur
« Sailing » principalement, la voix
éraillée de Rod quelque peu déformée par les mauvaises enceintes sonne
comme une voix de crécerelle, on croirait une reprise façon Chimpmunks ou encore que
ce sont les souris de Cendrillon qui sont au micro.
Je suis
tellement barré que beaucoup de personnes m’ont souvent cru ivre alors que je
suis sobre comme un chameau et quasi intolérant à l’alcool. On m’a cru aussi
parfois sous l’emprise de quelques produits stupéfiants, alors que d’une part
je n’ai pas le porte-monnaie pour ça, et que d’autre part je suis tout à fait
candide sur ce sujet-là, je ne saurais pas où m’en procurer. Et puis surtout,
soyons réaliste ! Le pas à franchir pour consommer ce type de produits est
semblable au pas à franchir pour se suicider. Et franchement, si je devais
transgresser l’ordre des choses de cette façon, je prendrais la deuxième option.
Au moins, l’évasion ne serait pas temporaire et onéreuse, mais serait gratuite
et définitive.
La question de l’utilité de l'individu à la collectivité, c’est rigolo ! Cela supposerait
qu’il y en ait eu un qui ait fait la connerie de venir au début et que sept
milliards le suivent par solidarité, pour servir à quelque chose.
Les politiques semblent
déconnectés des réalités basiques : ils décrètent la récession, l’austérité
mais attendent la croissance. Comment cela se peut ? Déjà que croire à une
éternelle croissance possible est une absurdité défiant les limites physiques
du Monde, en plus il faudrait croître, donc grossir quand on nous demande de
serrer la ceinture. D’un autre côté, je suis d’accord avec le fait que nous
héritons d’une société tellement pervertie, déséquilibrée que le basique ne
peut plus y faire loi.
La musique aujourd’hui, à de très rares exceptions près, sonne éculée. Tous styles confondus (je n'aime d'ailleurs pas, la notion de "style", on est bon ou pas, juste ou pas, on communique une sensibilité en phase ou pas, on transcrit une émotion ou pas, le "style" c'est que de l'habillage, de l'apparat (ce n'est pas une référence à Sascha Ring), cela ne peut pas cataloguer une œuvre d'art, ce n'est que son emballage). Les chefs-d'œuvre passé sont toujours des références, des musts. Mais pour beaucoup, leur place est au musée, ça sonne poussiéreux, ce n'est plus en adéquation. Les trucs des
60s, 70s, 80s, dont les radios nous bercent indéfiniment sont toujours certes sympas, mais le son est
éculé, comme une musique de film qui ne s'adapterait plus aux images. Quant aux trucs de maintenant, et c'est cela le pire drame, ça sonne également
éculé, perdu dans le smog, les interférences et le brouaha général. Has-been
avant d’avoir été !
Une amie quinquagénaire me dit l'autre jour ne pouvoir se défaire d'une chanson "atroce" tournant dans sa tête. Au bout de la deuxième fois où elle me fait part de cela, je lui demande de quelle chanson il s'agit. Elle me répond qu'elle ne saurait pas dire de quoi il s'agit, mais que c'est vraiment une chanson "idiote". Je lui réponds qu'il existe peu au monde de chansons idiotes (hormis peut-être le répertoire de Sébastien Patoche). La plupart des chansons ont une âme, un cœur, qu'on ne peut mépriser ainsi. Je lui demande alors de me chanter ce titre qui l'incommode. Elle se met alors à me fredonner le "Freed from desire" de Gala Rizzatto. J'adresse un sourire en coin, je suis vraiment amusé qu'à la manière d'Akhenaton dans son "J'ai pas de face", elle ait une lecture basique et péjorative de cet hymne atypique. Un hymne dont la force fait qu'il se retrouve encore celui de Will Grigg et d'Antoine Griezmann à l'Euro 2016. Je lui présente alors son italienne interprète. Une femme audacieuse, alors auteure, et devenue depuis auteure-compositrice, non-conformiste. Une femme qui dit se croire la réincarnation de Phédon. Mon amie me demande alors qui est Phédon. Je suis bien entendu déçu de sa question, mais surtout surpris : comment peut-on ignorer l'existence des personnages Platoniciens ? Après lui avoir présenté Phédon, je continue en disant que la musique de ce titre est l'œuvre de Molella, un italien réputé alors comme le meilleur DJ du monde, comme le meilleur compositeur d'EuroDance. Elle n'est pas convaincue, je continue en évoquant les paroles... Oui, bien sûr, on peut s'arrêter à cette voix monocorde et nasillarde de gamine anonnant un agaçant et obsédant "Na-Na-Na-Na...". Mais il y a un texte, et ces paroles sont, je pense, peu comprises par ceux qui s'éclatent en soirée sur ce titre. On se trémousse là-dessus peut-être pour séduire ou pour s'éclater, mais le texte est un texte mystique que l'on penserait écrit par un penseur bouddhiste. Mon amie commence à être interloquée par mes révélations. Eh oui... "Freed from desire, mind and senses purified..." (libérée du désir, l'esprit et les sens purifiés..."), et quelques couplets sur la force de la foi en l'amour et sur la vanité de la société de consommation. On a bien affaire à un hymne anti-système, anticonsumériste, anti-débauche et anticapitaliste, porteur d'un message spiritualiste et ascétique. Pour ma part, alors en plein âge ingrat, j'avais vécu ce titre comme une claque dans la gueule, une invitation à se recentrer, à se questionner et à repenser ses priorités. Après, je trouve plus contestable son autre gros tube, "Let a boy cry", que je trouve personnellement assez glauque et dualiste, mais que Marìa Soledad Domec Espinoza utilise lors de ses stages...
Sur un pont, dans un bois, au milieu d'un centre commercial bondé, à la lisière de l'océan, dans une cage d'escaliers, dans une cellule capitonnée... Partout se répandent les mêmes idées, les mêmes émotions. Notre époque est celle de la stagnation, de la saturation. Nous ressassons sans cesse les mêmes émotions, les mêmes idées qui finissent par se flétrir, s'abimer d'être trop décortiquées, trop sollicitées et trop peu mises en action.
Je ne comprends pas comment il était possible qu'aujourd'hui en 2014, ma boîte aux lettres soit remplie aux trois-quarts tous les jours de prospectus publicitaires. Je croyais que l'on devait arriver dans les années 2010 au "zéro prospectus". On en est très loin, on s'en éloigne même. Il faudra quand même que l'on m'explique pourquoi de nos jours avec l'ACNIL, on peut faire un procès pour un courriel publicitaire non sollicité, mais que cela tout à fait légal de recevoir deux tonnes de papier glacé coloré indésirable dans sa boîte aux lettres. Quelle absurdité, quelle hypocrisie ! Un e-mail est pourtant bien moins intrusif et peut être supprimé avec d'autres en deux secondes sans laisser de traces, combien faudra-t-il de temps au prospectus pour se désagréger ? Combien d'environnements pollués légalement quand on fait un scandale d'un malheureux e-mail importunant l'espace visuel de monsieur ou madame (qui, dans cette société de consommation, est de toute façon "pollué" de la sorte à longueur de temps) ? Ok, il existe le recyclage du papier, Dieu merci, mais toutes ces manipulations que cela implique sont tout de même plus lourdes et celui-ci a un coût, sans compter que les produits pour éliminer les encres ne sont pas non-polluants.
La plupart des garçons sont visuels. La vue est leur sens dominant, celui dans lequel ils jugent des situations. Ce n'est absolument pas mon cas (ma myopie n'arrange pas l'affaire). Mon sens dominant est l'odorat, mais je ne pense pas qu'il soit possible de dire que l'on est olfactif. Peut-être suis-je auditif... C'est vrai que rien n'a plus d'importance pour moi que la musique et les voix. Les sons provoquent toujours bien plus de réactions chez moi que les images. Les mots entendus s'imprègnent, les images se floutent et se mélangent. J'identifie les voix à des âmes quand les visages ne sont pour moi que de vains masques de cire à peu près identiques. Je suis tellement auditif que lorsque je vois une faute d'orthographe, cela ne me choque pas la vue mais m'écorche l'oreille, de ma voix intérieure lisant ce qui est écrit. Mes souvenirs sont plus des documents sonores et olfactifs que des images. Mais le paradoxe demeure : j'aime m'immerger dans les décibels mais mon ouïe n'est pas beaucoup plus performante que ma vue. J'ai des conduits auditifs très fins (tout est fin chez moi) qui se bouchent facilement avec la cérumen. Surtout que, comme si cela ne suffisait pas, j'ai une excroissance de chair, qui grossit avec les années, placée juste à l'entrée de l'orifice de mon oreille droite. Cette excroissance favorise le bouchon et se replie parfois, obstruant le conduit déjà mince et me censurant certains bruits.
Ma génération est
condamnée au désœuvrement. Sans doute la pire des condamnations que l’on puisse
prononcer. Et comme si ce n’était pas suffisant, on nous fait culpabiliser en
plus pour cet état de fait. Ce n’est pas de notre faute si la génération
d’avant, beaucoup plus grande en nombres, nous a tout pris et a tout verrouillé
nos accès.
Le consensus est à peu près général d'aimer le tandem Alain Souchon-Laurent Voulzy... Toutefois, je ne suis pas sûr que nous réalisions bien qui ils sont, l'ampleur du bienheureux phénomène. Une telle collaboration n'a pas d'équivalent au monde. La qualité et la quantité de leur production outrepassent largement toute autre collaboration ayant pu exister entre deux artistes majeurs. Lennon et McCartney sont dépassés... Leur collaboration n'a duré que peu d'années et nous savons maintenant que sur tous leurs titres cosignés, un certain nombre ne sont que de John ou que de Paul. Souchon et Voulzy, c'est une exception culturelle. C'est toutes leurs magnifiques carrières respectives qu'ils ont imbriquées, des carrières de plus de 40 ans sans le moindre bas (ni artistique ni commercial). Une collaboration si extraordinaire qu'elle s'est transmise à leurs fils (Pierre Souchon et Julien Voulzy, Les Cherche-Midi). Une collaboration qui s'est toujours renouvelée et s'est toujours inscrite en plein dans l'air du temps des nouvelles décennies arrivant, tout en gardant intact l'engagement. Ces deux-là n'ont peut-être pas été des innovateurs musicaux mais Alain est un auteur innovateur influent et le duo a bonifié et densifié nos cœurs. Que dire de la musique de Laurent ? Ce ne sont pas des instruments, ce sont des mâts de bateaux qui s'entrechoquent avec douceur, des embruns parfumés qui nous arrivent sur la peau, des clapotis légers, des frissonnements subtils de cœur à cœur. Même s'il a parfois calqué des standards de la pop-rock britannique, Voulzy a créé une griffe, un style reconnaissable entre mille, à la sensibilité bien particulière. Souchon-Voulzy, c'est du 50-50, aucun n'a jamais tiré la couverture à lui, jamais une anicroche, aucun n'a porté l'autre plus que son compagnon ne l'a fait, aucun n'a jamais éclipsé l'autre. Les deux sont à flot, toujours côte-à-côte dans la course, l'un et l'autre se surpassant toujours à part égale. Leurs génies complémentaires ne se sont qu'enrichis dans cette collaboration, là où presque toujours un bras de fer finit par s'installer. La chanson désignée aux Victoires comme la chanson de la décennie 80 est Belle-île en Mer, celle des années 90 est Foule sentimentale... et je ne sais pas à quel titre sera attribué le prix pour les années 2010, mais Jeanne serait nettement en position de favori pour celui-ci. Gageons que, en dépit des différentes annonces de retraite de La Souche, le couple magique pourrait bien encore signer la chanson des années 2020...
Si l'on veut vraiment orienter les générations futures, je me demande vraiment si les parents ne devraient pas, à l'âge de l'adolescence de leur progéniture, adopter un comportement totalement inverse de leurs valeurs. Puisque de toute façon, l'adolescent va prendre le contre-pied de son modèle parental... Puisque celui-ci va fatalement rejeter quelque chose, se rebeller contre, autant qu'il s'en prenne à quelque chose qui ne représente rien de souhaitable. C'est un parti qu'il me semble intéressant de prendre car nous nous devons de tirer des leçons de nos échecs : et quand on voit toute la société soi-disant idyllique qu'on prétend construire pour nos enfants et que le monde ne prend pas du tout cette direction, on devrait se dire qu'il est temps de faire les choses différemment, de gérer les décalages des viseurs, l'attraction des contraires, les effets miroir, l'ombre qui naît de la lumière, l'anti-matière qui accompagne irrémédiablement la matière, les principes de contre-pied. On ne peut de toute façon domestiquer le monde selon une ligne droite.
Je me demande si la
préoccupation majeure de la vie n’est pas de se foutre de notre gueule. Tout ce
que l’on réprouve ou que l’on éconduit, par idéologie autant que par goût, se
retrouve être un beau matin ce que l’on désire le plus. Peut-être n’est-ce
point vice de la part du cours de la vie... Seulement une nécessité de changement,
un impératif de redistribution des cartes, une fatalité à ce que la roue
tourne. Il est sans doute dans cet état de fait la plus grande sagesse que la
vie puisse enseigner aux puissants de ce monde : il faut savoir faire
bouger les codes et les situations sur l’échiquier, sinon ce qui fait leur
bonheur va tôt ou tard s’effriter et devenir stérile. Partager, redistribuer,
remettre en jeu sont des nécessités à ce que ce prolonge le cycle vertueux et
fertile de la Vie.
Je ne comprends pas comment il est possible que les gens que nous élisons se laissent transformer en fantoches à la botte de l'Europe, des multinationales et du MEDEF. On croirait qu'on n'a plus affaire qu'à un décor, un simulacre, peu importe qui nous choisissons, ceux qui tirent les ficelles et prennent les décisions sont toujours les mêmes, des gens qui ne sont voulus par personne, qui ne sont pas choisis démocratiquement, une toute petite poignée d'individus dont les préoccupations sont radicalement éloignées de celles de l'ensemble de la population. Je n'ai pas de préjugé anti-Européen ou anti-riches ou anti-patrons mais dans ce cas, arrêtons de nous prendre pour des cons, avouons clairement qu'il n'y a plus du tout de démocratie : Arrêtons l'hypocrisie !
Je me pose beaucoup la question de la
légitimité. C’est d’ailleurs une question envahissante, un puits sans fond. On
peut se poser la question de la légitimité de manger ce que l’on mange.
Pourquoi aurait-on le droit de goûter quelque chose qu’on n’aurait pas su faire
pousser ? Pourquoi avons-nous de quoi manger et d’autres pas ?
Je ne m'explique pas comment arrive encore à perdurer dans les esprits la notion de "vie privée". C'est peut-être générationnel, mais je ne comprends pas ce dont il s'agit au juste. Et qu'il me jette la première pierre celui qui prétend pouvoir exactement en définir les contours ! A partir du moment où nous devons rendre compte de nos actes et de nos paroles devant la société, il me semble n'y avoir plus de vie privée. Nous sommes dons responsables et devons nous conduire de manière irréprochables. Il n'y a pas un espace de représentation où tout doit être nickel et une autre sphère obscure de "vie privée" où l'on peut se conduire odieusement sous prétexte que personne ne serait habilité à nous observer. Les parts d'ombre et de mystère sont souvent des outils de manipulation, tout est plus sain quand tout est public. Le "privé" est comme son nom l'indique toujours privatif, jamais épanouissant. Pourquoi cela amène parfois des problèmes quand se révèlent des choses au grand jour ? C'est parce que ces choses sont cachées par d'autres, qui sont trop heureux de pouvoir jeter l'opprobre sur ceux qui font comme eux quand eux le font de manière cachée. Personnellement, on peut même me mettre un mouchard dans mon cerveau et dans mes artères, ça ne me dérange nullement, je n'ai rien à cacher, je n'ai pas de double-langage ou de double-comportement et pas de jardin secret à préserver (préserver de quoi, d'ailleurs ? à chaque chose que l'on cache, c'est deux millions d'horreurs que vont s'imaginer les gens, autant montrer ce qui est véritablement, et puis...quel temps et quelle énergie on y gagne !). Si il y en a que ça amuse de m'analyser de fond en comble, ça les regarde, je ne vois pas pourquoi m'en offusquer, je serais même un peu flatté de tant d'intérêt. Bref, toute vérité est bonne à dire ! (si nous avons parfois l'impression contraire, c'est parce que nous vivons sous le règne du Mensonge, celui qui a deux yeux au royaume des borgnes passe pour un monstre ou suscite des émotions négatives).
Salir pour mieux laver.
Laver pour mieux salir. Faire pour défaire. Construire pour détruire. Détruire pour reconstruire. Remplir pour vider. Vider pour remplir. S'exciter pour se calmer. Se calmer pour mieux s'exciter à nouveau. Se retenir pour mieux se lâcher. Partir pour revenir. Tisser des intrigues pour les détisser ensuite... C’est
le lot de la vie (cf « Ça fait mal
et ça fait rien » d’Isabelle Truchis de Varenne, alias Zazie). Tout ce
qui monte devra redescendre. Tout ce que tu entreprends aujourd’hui, tu devras
le désentreprendre d’une manière ou d’une autre demain, ça fait réfléchir... Réfléchir ? Un péché, très certainement !
Il me revient une de mes expériences extra-sensorielles de quand je connaissais Marìa Soledad au début (avant de connaître Lada et tutti quanti...) C'était un matin, à la fin de l'été, j'étais à Avignon, dormant dans la salle de séjour de mon père au 49, rue Guillaume Puy (une situation idyllique près de la rue des teinturiers, sur une petite place avec des grands arbres, des oiseaux qui chantent toute l'année, du calme l'hiver et de l'animation l'été). Je dormais donc ici sur un clic-clac bancale en serrant le smartphone sur mon coeur. Tout d'un coup, la sonnette du Skype retentissait, je me réveillais. C'était bien Soledad, pas de fausse alerte !! La sonnette du Skype n'en finissait pas, elle m'envoyait plein de messages, mais ce n'étaient que des "gamineries" : des petits coeurs, des dessins d'enfant, du charabia de type "areuh-areuh gouzou-gouzou", des sourires, des étoiles, des soleils... J'étais complètement déconcerté et alors, je me suis réveillé (vraiment, cette fois, pas dans un monde parallèle). J'avais la sensation physique déconcertante de tenir un enfant dans mes bras et j'avais aux oreilles des gazouillis, je sentais ce bébé comme étant Soledad. Elle semblait toute heureuse et je me sentais la responsabilité de son existence, de la protéger, d'entretenir pour elle ce monde enfantin dans lequel elle était heureuse. Le poids du corps du bébé est resté longtemps sur moi (peut-être cinq minutes) et les rires et le charabia de celui-ci me restait en oreille, même en me redressant. Quand l'expérience est passée, j'ai pu constaté qu'il n'y avait pas eu le moindre message au Skype. C'est dans l'après-midi de cette journée-là que j'ai découvert le premier article qui s'en prenait méchamment personnellement à elle et parlait d'Ashram Shambala (un commentaire sur un blog qui avait annoncé sa venue à Bordeaux)
Le meilleur remède
anti-déprime qui existe est de tomber malade. Lorsque l’on doit lutter pour sa
survie, pour le bon fonctionnement de notre organisme, on réalise la valeur
de celui-ci, sa préciosité, sa beauté, sa fragilité, le miracle qu’il représente. C'est toujours une belle expérience de lâcher-prise. On se rend
compte de la chance qu’on a. On se satisfait alors de tout ce qui fait notre
quotidien, on s’émerveille de toutes les petites joies simples. On ne rêve plus
à être quelqu’un d’autre. Les leurres que nous nous entretenions tombent, on voit derrière le voile, on retrouve nos vraies forces et faiblesses. Les masques tombent, nous ne voyons plus dans nos prétentions. On retrouve le pouvoir empirique sur notre machine affaiblie, comme si, d'ordinaire, celle-ci était trop complexe et trop puissante pour que l'on parvienne la maîtriser consciemment et dans son ensemble. On rattroupe nos légions égarées dont on n'avait même perdu de vue l'existence, on rappelle ces parties de nous qui s'épuisaient dans de futiles, obsolètes ou illusoires missions. On reprend de vue les repères, n'ayant plus l'énergie pour nous inventer des châteaux en Espagne. On débusque les broutilles auxquelles on a accordé trop d'importance, on se déleste du trop. On retrouve notre horloge biologique, on panse nos plaies. On retrouve nos vrais goûts et dégoûts. On peut prendre conscience du fait que le vrai danger vient de la peur et de la panique bloquantes, du fait que l'acceptation de ce qui vient est toujours la meilleure défense. Il faut toujours dans un premier temps accepter la chose et l'accueillir, avant de l'inverser, de la combattre ou de la réorienter. C’est toujours face à la douleur et à la difficulté
que l’on devient meilleur, plus humain, plus conscient, plus reconnaissant. On retrouve le charme des premières fois, la beauté du neuf. On redécouvre ce qu'est la vie. On reconnecte
l’enfant intérieur, ravi de ce qui est. Se peut-il que l’adulte soit si mal
fait qu’il ne retrouve plus cet état que quand il est dans l’impossibilité
physique d’en jouir convenablement ?
Puis vient la joie de la guérison, de la convalescence. On se sent libéré. On se sent revivre. La vie retrouve l'intensité, la liberté, la légèreté et le plaisir qu'elle ne devrait jamais perdre. En espérant que nous serons retenir la leçon cette fois-ci... Ne plus jamais être blasé et ne plus avoir à être malade pour profiter pleinement au jour le jour du miracle de la Vie.
Puis vient la joie de la guérison, de la convalescence. On se sent libéré. On se sent revivre. La vie retrouve l'intensité, la liberté, la légèreté et le plaisir qu'elle ne devrait jamais perdre. En espérant que nous serons retenir la leçon cette fois-ci... Ne plus jamais être blasé et ne plus avoir à être malade pour profiter pleinement au jour le jour du miracle de la Vie.
On
peut s’interroger sur les véritables motivations des moralistes judéo-chrétiens
qui ont diabolisé la chair, décrété l’infériorité de la femme et désacralisé et
désamourisé le sexe. Ils ont certainement voulu renier la Nature, dénaturer nos
êtres et créer la perversité. Sans doute ils avaient peur du pouvoir de la
Femme et de sa formidable capacité de jouissance, non explicable, et ne
semblant pas utile spécialement à quelque chose en particulier si ce n’est au
bonheur, à l’épanouissement, à la transcendance, au plaisir et à la joie. L’homme blanc, jaloux du noir
et de la femme, alors qu’il était la créature la plus grise de toute, a voulu
s’inventer une supériorité qu’il a basé uniquement sur sa dégénerescence plus
avancée. Mais tout de même, il y a des points qui sont ambigus : cette
misogynie a été héritée des Grecs et créée par ceux-ci en raison de leur
homosexualité. Et ,comble de perversité de la part des judéo-chrétiens post-Grecs, ils ont diabolisé encore de plus ignoble façon l'homosexualité. D'où l'art de ne se nourrir que d'aspects négatifs et d'appliquer une vue de l'esprit destructrice en tous points, dictée par la peur toute-puissante. Il y a des effets pervers, c’est qu’en dénaturant le sexe et en
se le figurant comme quelque chose d’illicite et quelque chose contre lequel on doit se
battre en permanence, ils ont renforcé énormément le pouvoir de celui-ci. D’un
penchant naturel, ils en ont fait un démon tout-puissant nous gouvernant à
notre insu ou de notre plein de gré. Ils ont créé la fascination, l’attrait, mais surtout la dépendance, la luxure et l'obsession là où il n'y avait qu'avant jeu, émotions et extases. Ils ont créé l'adoration de Satan, celui-ci pouvant apparaître à l'esprit sain comme un salvateur à leur système répressif. On est irrémédiablement attiré à tomber un jour dans ce
que l’on rejette avec véhémence. Rien n’est plus obsédant que l’illicite, et
rien n’a plus de volupté que l’abandon à ce qui est présenté comme vice. C’est
ce moralisme et cette diabolisation qui a créé le péché de luxure et toutes ces
déviances. Ils ont profané de voluptés nobles et profondes pour en créer d'autres moins épanouissantes là où il n’y en avait pas. On se
demande si leurs intentions n’étaient pas somme toute inverses, nous placer
sous le règne du démon du bas-ventre.
Même en ayant été
végétarien quasiment depuis la naissance, j’ai souvent regardé ma chair comme
de la viande à manger. Considérant par exemple mes jambes et mes bras comme
n’offrant pas suffisamment pour me rassasier, tout en étant quand même excité par cette chair m'appartenant et bloblotant sous mon nez et à portée de croc. Vouloir nourrir sa chair par
elle-même est un bien drôle de procédé... pouvant s’assimiler à d’autres qui,
mieux déguisés, ne paraissent pas aussi limpidement absurdes.
On m'a demandé aujourd'hui : "Vous dîtes dans votre livre que Marìa a le pied Romain. Et vous ?". Alors voilà, pour ceux que ça intéresse, j'ai le pied Grec.
L'argent a quelque chose de redoutablement addictif. L'argent et tout ce qu'il ramène dans son sillage, toutes ces griseries, tout ce pouvoir, tout cet effet boule-de-neige, cet engrenage qu'il installe. Tout est faussé, perverti. Tout le monde stigmatise le comportement immoral, obscène et égoïste de ceux qui ont énormément d'argent... Mais plutôt que de leur jeter la pierre, nous ferions mieux de les considérer comme des personnes morales, prisonnières d'une spirale infernale, des gens que nous devrions soigner. Oui, il faudrait réglementer les salaires et installer un plafond de biens, mais en aucun cas d'une manière punitive mais au contraire d'une manière curative. La société se doit d'éviter les abus d'argent de la même manière qu'elle combat les abus de matières stupéfiantes. Et c'est une question d'urgence : les dégâts de ce laxisme à l'égard de ce combat sont déjà peut-être trop importants pour être corrigés et il en va de la survie de l'humanité.
Je ne sais pas si c'est quelque chose de spécifique à moi ou non... mais, depuis que j'ai 30 ans, j'éprouve un vif malaise à chaque fois que je me réveille le matin. Comme si j'étais en vrac. Comme si le monde nageait dans le flou, l'informe, l'incertain, l'absurde et le néant. Je ressens ce trouble à l'extérieur et à l'intérieur. Ma chair semble sens dessus-sens dessous, il me faut un long moment pour qu'elle se reconstitue normalement. Comme si tout l'univers devait à chaque aube se recomposer à partir de bribes éparpillées au gré d'une monumentale explosion. Le monde semble se dissoudre chaque nuit et se recomposer laborieusement et approximativement à chaque petit matin. L'opération est éprouvante et le résultat ne me semble jamais acquis d'avance (au mental oui, cela semble une évidence, mais au ressenti, je ressens une grosse possibilité d'échec), je me demande si elle saura encore longtemps se répéter ainsi dans ces conditions...
J’ai découvert Neneh Cherry sur le titre « Money Love » qui reste un de mes
classiques, un des titres que j’ai le plus écouté dans ma vie. Elle y rappe, et
je trouve que rapper lui va très bien. Sinon, elle a une façon de chanter trop
agressive, dans le duo avec son frère c’est presque inaudible, même dans
« Seven Seconds », ça casse
un peu l’harmonie de la chanson.
Woody Allen me fait du bien. A chaque fois que je regarde un de ses films dans lequel il joue, il m'ôte mes doutes, il me redonne foi en ce que
j’écris, en l’intérêt que cela peut susciter chez les gens.
Quand je découvrais mon corps, j’avais trois ans, j’étais
couché, je regardais mes mollets, ça me donnait une érection. Surtout si je les faisais blobloter.
J'ai peur du sommeil. C’est terrible de construire sa vie avec ce facteur que nous devons nous
endormir en principe au moins une fois par jour. Il y a donc toute cette part
du temps, variant selon les êtres de 25 à 50% de temps, où nous sommes
inconscients. Cette chute dans les bras de Morphée, va-t-on s'en relever ? On ne s'y fait jamais vraiment, au contraire, avec le temps, cela devient de plus en plus lourd, de plus en plus angoissant. Comment gérer cela ? Cela nous dépasse, comment être fort
si nous sommes condamnés à passer la moitié du temps dans cette position de vulnérabilité ? Comment
accorder de l’importance à la dimension dans laquelle nous vivons si nous y
sommes soustraits systématiquement de la sorte ?
Toute
ma jeunesse passée à écouter les tubes du moment (pas que, bien sûr, mais quand
même…), souvent des raps, m’a conditionné à aimer les chansons d’avant, les
chansons dont on entendait les samples. Ces samples ont sanctifié ces titres,
ont créé un culte à leur gloire.
La société de
consommation contemporaine nous usurpe l’amour et la sexualité. L’amour en le
tournant en dérision quand il est pur appel impérieux du cœur, en y substituant
un devoir envers les membres de sa famille. La sexualité en lui conférant une
valeur marchande, utilisée comme matière première d’alimentation du système. On
nous hyper-sexualise depuis le berceau tout en nous coupant de notre sexualité,
un mécanisme entraînant la perversité et encourageant le vice. La version
commerciale omniprésente du sexe est en plus une sexualité de papier glacé, de
planche publicitaire masquant le vide. Elle est coupée de notre sensibilité, de
notre émotivité, de toute sensualité ou subtilité. C’est le culte de la
violence, de la performance. Et, comme si ce n’était pas suffisant, on en
rajoute au malsain de la situation en occultant totalement la sexualité de
certaines zones de vie, comme l’entreprise par exemple. On oscille dans un
déséquilibre aberrant entre négation et hyper-sollicitation de celle-ci. De
quoi donner énormément de boulot aux différents psys.
A l'occasion du salon du livre, le quotidien "Le Monde" publie un article disant que le public lecteur-type est une femme d'une quarantaine d'années. Je comprends mieux pourquoi je suis écrivain... Cela tombe bien, c'est la catégorie de personnes avec laquelle je trouve le plus d'intérêt dans l'interaction.
Le rap est au départ
l’idée de laisser le micro à des maîtres de cérémonie (M.C.), selon le modèle du
pasteur dirigeant le rite, haranguant la foule et faisant son sermon sur un fond musical.
C'est le concept de psalmodier en se servant de la musique comme support. C'est scander pour marteler le texte, appuyer le sens, convaincre, évangéliser. Paradoxalement, on s’en est servi dans des reprises ou dans de la Dance pour
mettre en valeur les refrains, les ritournelles, les solos ou les voix, alors qu’au
départ tout doit mettre en relief le propos. Propos qui est tenu par quelqu’un
présentant ses idées, s’appuyant sur une vision de la société à transmettre. On
peut le faire à la manière de Rockin’ Squat ou Kény comme quelqu’un qui ouvre
les yeux tout en apportant de l’espoir, on peut aussi exploiter le côté sombre en portant au cynisme,
au sex-‘n’-money, à la plainte ou au désespoir crépusculaire comme d’autres. Trop se la
pètent, comme si c’était juste un moyen de frimer, de faire le mac, le mariole.
Le rappeur est censé avoir des connaissances et une lucidité échappant à son
auditoire qui s’en remet à lui, il lui incombe initialement de s'en référer à des valeurs, de porter la voix des plus démunis, de professer "la bonne parole". Ce sont des tribunes ouvertes, trop de gens ne
comprennent pas, cela ne peut pas se comparer avec d’autres chansons. Il ne
s’agit pas de proposer forcément quelque chose d’agréable à l’oreille. Il y a
aussi le côté politique et religieux, le rappeur est un prêtre de la Nation Zoulou comme le toasteur en Reggae
est un prêtre Rastafari. Qui a gardé cette conscience-là aujourd’hui ?
Beaucoup de baby-boomers se déclarent fils de Lennon ou de Dylan. Nous, on s’est re-francisés, on serait plutôt des enfants de Jean-Jacques Goldman et Luc Besson, même si il y a aussi Michael Jackson. Jamel Debbouzze serait notre petit frère. Et JoeyStarr serait notre grand frère, avec d’un côté tout ce qu’il a d’admirable et de l’autre tout ce qu’il incarne en même temps de mauvais exemple pouvant être excitant.
La fin du top 50 sur
Canal + a été pour moi traumatisante (déjà le fait de perdre ces deux amis
géniaux Yvan Le Bolloc’h et Bruno Solo, qu’on a bien sûr retrouvé de ci-de là, mais
pas au centre du monde comme au top 50, pas en tant que prêtres de la plus sacrée des grandes messes comme ils l'étaient alors)... C’est comme si d’un seul coup il n’y
avait plus de repères, plus de cadre, plus d’échelle quantifiable. Le monde
était abandonné au néant et à l’informe. Le top 50 s’est arrêté un soir de
juillet 1993, je suis entré au collège en septembre de cette même année après une scolarité
primaire effectuée à domicile, le monde s’était écroulé, il n’y avait plus rien à quoi se
raccrocher.
On vit plus complètement et plus confortablement d'être un homme lorsqu'il fait chaud. La plénitude de l'été confère à cette saison la position de période privilégiée pour le port des organes génitaux masculins. La sueur sied à la masculinité, pas la chair de poule.
Les Etats-Unis ont avec Clint Eastwood leut tout-puissant pape de l'anarcho-capitalisme. En France, nous avons notre pape de l'anarcho-monarchisme en la personne du (de surplus) chrétien Thierry Ardisson. Jusqu'où va-t-on aller avec ces concepts surréalistes ? Il est vrai que, personnellement, bien qu'étant d'une base idéologique plutôt anarchiste, je suis assez favorable à une forme d'autoritarisme.
Un homme ne devrait jamais rien savoir des parties génitales de son rival amoureux, surtout quand celui-ci vous a été préféré sans raison apparente. Il s'ouvre alors un abysse sans nom où l'on sombre facilement de la plus piètre manière qui soit, dans une torture absurde et fatale de son informité. Comme j'aurais aimé ne rien savoir de celles de Maxime... Malheureusement, je savais évidemment au moins cet élément, il est circoncis. Et ce facteur, qui est assez difficile à aborder pour qui ne l'est pas, m'est fort difficile à envisager dans sa relation intime avec Marìa Soledad (j'aimerais bien sûr ne rien envisager du tout, mais c'est impossible, plus je me bats contre et plus j'envisage continuellement...). Je me suis autocensuré sur ce point dans Chute Ascendante. J'ai supprimé au dernier moment le passage où je faisais état de l'ampleur avec laquelle cela pouvait me troubler, jusqu'à la perte d'identité, jusqu'au sentiment d'anormalité, et toute une cohorte de choses difficilement résumables... Je ne me suis pas censuré par pudeur vis-à-vis de moi, mais peut-être un peu vis-à-vis de Maxime, peut-être aussi parce que dans le contexte actuel je ne voulais pas que des ahuris se saisissent de cet élément physico-physique pour soulever une question d'un ordre religieux.
Mon grand-père
paternel, un athée aigri qui a fait chier son entourage toute sa vie et avait
la nostalgie de la guerre comme d’une période bénie qui satisfaisait son égo,
m’a tenu un jour ces propos : « En
tout cas, s’il y a un Dieu… Quand je le rencontrerai, je ne lui adresserai pas
mes félicitations » (Je précise qu’en plus, ces propos viennent d’un
professeur de collège, il s’imagine sans doute Dieu comme un de ses élèves,
étant lui-même tout en haut de toute échelle qu’il puisse concevoir).
Je ne crois pas que ça existe d’en faire des
tonnes. Ceux qu’on qualifie de génies en font des tonnes, même quand des fois
cet excès est dans la sobriété. Si vous trouvez que quelqu'un en fait des tonnes, c’est
qu’en réalité vous jugez qu'il n'a pas le feeling, pas de sincérité et pas de talent.
La vidéo de Konstantin
Rudnev sur le net. Celle qui m’a valu une mauvaise réputation et bien des
déboires... Après tout, on dirait Nacho Cano, son délire est un peu similaire : il se
sert d’une guitare comme d’une raquette de tennis, monte à califourchon sur
deux filles…
Ce sont toujours des
mots très libérateurs à haute vertu thérapeutique, à exprimer à pleine voix,
que ceux-ci : « Je me fous de
la société », « Nique le système », « Nique la police », « Vos gueules ! », « J’m’en bats les couilles de tout ça »,
« J’emmerde la vie », « Foutre Dieu ! », « Fuck you all ! », « J’encule le/la patron(ne) » etc… Le
secret des calmes est de savoir se comporter par moments à la manière de
déments. Le secret des sages est d’avoir une bonne vieille rage entretenue à
feu doux au fond de soi.
Comment peut-on vivre
normalement, comme si de rien n’était, quand nous sommes si dépendants de la
nourriture que nous devons ingurgiter régulièrement en quantité
suffisante ? Quand nous sommes assujettis à des lois humaines en plus des
lois physiques et cosmiques ? Quand nous sommes susceptibles de nous
endormir à chaque instant ? Quand nous sommes dépendants d’une température
ambiante qui est miraculeusement maintenue dans une fourchette nous
convenant ? Quand nous sommes si fragiles ? Qu’il en faut si peu pour nous
occire ? L’insoutenable légèreté de l’être, nous la gérons parce que nous
n'y sommes pas vraiment confrontés. Nous vivons dans une bulle illusoire ou dans
une comédie partagée au milieu d’autres acteurs. Si nous réalisions, sous
serions tétanisés.
Beaucoup d'écoles de
traditions (chamaniques notamment et aussi orientales) nous enseignent que notre vie entière
devrait être consacrée à la préparation de notre mort. À ce que celle-ci soit
douce, légère et heureuse, et qu'elle soit un tremplin d'évolution. Quand nous mourrons, nous serons de toute façon mis en face de l'intégralité de
notre vie. Celle-ci sera analysée au crible de notre Conscience. Le passé sera
alors totalement comme étant notre présent, comme étant nous. Si nous n'avons
pas fait le ménage dans celui-ci, si nous y avons refoule des choses, si il y a
des accrocs quelque part... nous nous préparons alors à souffrir, et pas d'une
souffrance éphémère mais d'une souffrance rongeante qui va donner son empreinte
a notre existence. Et même, selon certaines sagesses, ce que nous éprouvons au
moment de notre trépas va conditionner l'ensemble de notre incarnation suivante...
Une de mes amies, comme
moi diagnostiquée « surdouée » ou « surefficiente » a lu un
jour ce message sur un forum bouddhiste duquel elle était membre: "Les inconscients dirigent leurs regards vers
eux seuls, les conséquences sont toujours néfastes. Les personnes avisées,
elles, se sentent concernées par les autres, leur apporte de l'aide selon leur
capacité, il en résulte le bonheur. L'amour et la compassion sont des
sentiments salutaires pour vous et pour tous. La bonté que vous destinez aux
autres ouvre à votre mental le chemin de l'apaisement...". Ce type de
propos procure désormais en moi une nausée et une pression sur mon cerveau
comme si celui-ci allait exploser. Les séquelles d’une quinzaine d’années dans
le milieu. D’autant plus que ce sujet est pour moi outrageusement sensible.
Privilégier le bonheur des autres au mien, j’ai expérimenté. Et je ne
recommande pas. On se sent fort des hauts sentiments qui nous transportent
alors, mais il nous reste après à gérer l’éternité du champ de ruines que l’on
devient alors, quand comme dans mon cas le bonheur de ceux auxquels vous vous
êtes voués passent par votre condamnation à l’infamie. Mon amie a posté sur ce
forum cette réponse pleine de bon sens : "Quelle différence au final entre "les inconscients" comme vous les appelez et les "personnes
avisées"? Vous dites que les
inconscients dirigent leurs regards uniquement vers eux même, et vous expliquez
que les autres n'aident leur prochain que pour leur propre salut... Ce qui au final
revient au même non? N'est-ce pas dans un sens nous pousser à une sorte de
générosité hypocrite qui au fond ne se trouve être que de l'égoïsme ? Je
précise que je ne juge aucunement ce statut, je souhaite simplement comprendre
le fond de ce message que j'ai du mal à saisir car trop contradictoire pour ma
part...". Bien entendu, elle n’a obtenu aucune réponse constructive,
elle s’est fait incendier et rabaisser. Son interrogation est à mon sens
brillante. Elle me rappelle une que j’avais soulevé lors d’un enseignement
hindouiste : « Si il est un
devoir de tous nous aimer les uns les autres, alors quelle est la valeur de
l’amour ? De plus, comment des sentiments peuvent véritablement voir le
jour s’ils obéissent à un bon sens ou à un devoir moral ? Et si nous
devons nous aimer inconditionnellement, alors pourquoi chercher à nous
améliorer, pourquoi chercher à être bienveillant. Bref, si la partie est gagnée
d’avance, à quoi sert de la jouer ? Surtout si les honneurs sont
indifféremment pour tous les mêmes. Et quelle horreur immonde j’éprouve dans
mon cœur et dans ma chair de penser que je ne serais jamais aimé pour ce que je
suis, mais que je serais juste aimé parce qu’il est un devoir pour l’autre de
m’aimer. Un amour non inspiré par ma personne me révulse à l’extrême, je
préfère encore que l’on me haïsse pour ce que je suis mais même cela me serait
interdit dans votre optique. Cet amour inconditionnel s’assimile à de
l’indifférence nappée d’hypocrisie consensuelle et égoïste. ». Inutile
de préciser que j’ai rencontré les mêmes réactions hostiles que mon amie, et
qu’aucun débat ne put être engagée, seulement des sentences méprisantes. Tout
individu dogmatisé ne peut converser normalement, cela restreint très
considérablement le nombre de personnes avec qui il n’est pas vain de
communiquer (heureusement, il y en a plus avec qui faire ceci sans les deux
première syllabes, communion physique opérant au-delà des blocages
intellectuels et des éducations). Au sujet de tout ça, je tiens quand même à
dire qu’au jour d’aujourd’hui, je ne vois pas plus de sagesses dans le
comportement de mon amie ou de moi que dans celui des spiritualistes évoqués.
Si sagesse existe, elle serait de ne pas chercher à énoncer la moindre vérité
avec un grand « v », de ne pas chercher des raisonnements à toute
épreuve (ceux-ci étant d’une nature proche du père Noël). Le sens de notre
existence ne peut de toute façon pas être compris, tout au mieux ressenti par
soi-même (donc incommunicable ou par des chemins artistiques détournés).
Le tour de France des
cafétérias Flunch. Arrivée à Toul, tout de suite je suis choqué de remarquer la
différence de standing de la clientèle. Les gens sont plus dignes, raffinés,
discrets. Ils se tiennent plus droit. Rien à voir avec la crasse et
l’indélicatesse du sud de la Loire bien sûr, mais même de Besançon ou Dijon. A
Toul, nous ne sommes plus dans un contexte populaire de zone, il y a quelque
chose d’anglais et d’allemand avec un chic parisien en cerise sur le gâteau.
Pourtant, je ne perds pas de vue que nous sommes dans le fief de la championne
intergalactique de la vulgarité, Nadine Morano. Nadine Morano…qui a fait sa
réputation grâce à un titre de Sniper.
Comme beaucoup
de gens de ma génération, deux fées se sont penchées sur mon berceau :
Dorothée et Mylène Farmer. La première, bonne fée maternelle, femme-enfant, fleur romantique, douce, pétillante, drôle et rassurante. La
deuxième, sorcière mystérieuse et fascinante, inquiétante, ambigüe, omnisciente et omniprésente. J’ai
retrouvé totalement l’une et l’autre de ces deux facettes de la féminité en
Marìa Soledad.
Apologie du
centrisme, du pragmatisme à la Merkel. Triomphe que l’on ressent partout dans la vie contemporaine, même en
musique, on dirait qu’on n’ose plus les émotions fortes ou les partis pris
stylistiques, on erre dans une masse informe, aseptisée, lissée et sans
saveurs.
J’ai fait l’erreur, peut-être l’ultime, peut-être celle du
débutant…de tout sacrifier à une femme sans marge de sécurité. Je ne me suis
pas rendu compte qu’on ne pouvait pas se sacrifier totalement... Il vient un moment
où, à faire ça, on ne fait que renforcer son existence, « ces couilles
qui nous suivent partout où nous allons » comme dirait Philippe Katerine.
Quand on est jeunes, on est tell’ment affamé, on se jette sur
les filles... On est pressé de tout toucher, de s’insérer et même de jouir. Je ne sais pas pourquoi la société nous affame comme ça. Quand on vieillit, qu’on
connaît la routine de la vie, au contraire on va tout doucement, on sait
combien ces instants sont précieux, on veut les prolonger un maximum.
J’ai
passé tout mon temps dans ma prime jeunesse à refuser les codes sociétaux, à échafauder d’autres
valeurs, d’autres ponts, d’autres langages, des systèmes plus fiables et plus
élaborés. Et puis j’ai réalisé que j’étais devenu complètement incompréhensible
pour les autres, je ne savais même plus m’exprimer avec des mots. Tous ces
efforts pour rien, je passais pour un crétin insignifiant, sans éducation.
Je serais quand même bien embêté si un mec comme Patrick Bruel (avant ses quarante ans et son embourgeoisement) me faisait la cour. Il réussirait facilement à me tourner la tête, je serais fou amoureux, le suivrais au bout du monde... Mais sexuellement, il y aurait quand même un problème : la sodomie entre hommes, côté actif comme passif, je ne peux pas m'y envisager.
Je
méprise la littérature comme seul un écrivain et un amoureux des livres peut le
faire
Le duo Daho-Dani "Comme un boomerang" : intéressante incarnation de la féminité et de la masculinité. La voix du rennais est aussi fluette que la voix de la castraise est rauque et dense. Rien n'est plus distordu que la voix de Dani, rien n'est plus lisse que la voix de St-E.D.
J’ai
beaucoup vu, étant enfant, des films à moitié ou aux deux-tiers. Parce que j'allais me coucher à neuf heures et demie. Cela m’a marqué
profondément, et je devrais dire affecté dans ma manière de voir le monde. Pas
que je me sois, à la manière de Phoebe Buffay, imaginé des fins heureuses que me
racontait ma grand-mère. Mais parce que je me suis imaginé des suites
merveilleuses, mystérieuses, palpitantes, exaltantes. Je suis resté dans l'excitation et ai été préservé de l'instant post-coïtum. Je n’ai pas connu le goût
amer de déception que l’on trouve invariablement à la conclusion de chaque livre et de chaque film,
« ah ! ce n’était que ça ». C’est fini. Et ça semble soudain
insipide, et traître comme une promesse non tenue.
Méditation sur la nature de l'Amour (tout au moins dans le langage) :
* Ceux qui disent aimer les animaux sont souvent ceux qui les chassent ou encore qui les élèvent dans le but final de les massacrer et de les manger.(Même si il est aussi rigolo de constater que beaucoup de citadins qui ne sont jamais confrontés aux animaux les idéalisent et leur accorde une dimension plus importante et plus noble que ceux qui les fréquentent au quotidien.)
* Ceux qui disent aimer leur corps sont souvent ceux qui le forcent, qui le mutilent, le sculptent comme un objet, le violentent, ne l’écoutent pas, lui donnent à manger des choses qui le rendent malade.
* Ceux qui disent aimer les enfants sont souvent ceux qui les tyrannisent, qui les asservissent, ont plaisir à leur ôter toute personnalité pour leur inculquer une éducation emprisonnante. Et il y a aussi les pédophiles qui les aiment pour mieux abuser d’eux.
* Les hommes qui disent aimer les femmes sont souvent ceux qui n’ont jamais su voir qui elles étaient, s’en servent pour leur gloire et leur satisfaction égoïste, les désacralisent.
* Ceux qui disent aimer la Terre sont souvent ceux qui la maltraitent avec des machines brutales, la tuent à petit feu avec des produits biocides.
* Ceux qui disent aimer leur peuple sont souvent ceux qui veulent le manipuler impunément, le gruger et le dominer.
* Ceux qui disent aimer les animaux sont souvent ceux qui les chassent ou encore qui les élèvent dans le but final de les massacrer et de les manger.(Même si il est aussi rigolo de constater que beaucoup de citadins qui ne sont jamais confrontés aux animaux les idéalisent et leur accorde une dimension plus importante et plus noble que ceux qui les fréquentent au quotidien.)
* Ceux qui disent aimer leur corps sont souvent ceux qui le forcent, qui le mutilent, le sculptent comme un objet, le violentent, ne l’écoutent pas, lui donnent à manger des choses qui le rendent malade.
* Ceux qui disent aimer les enfants sont souvent ceux qui les tyrannisent, qui les asservissent, ont plaisir à leur ôter toute personnalité pour leur inculquer une éducation emprisonnante. Et il y a aussi les pédophiles qui les aiment pour mieux abuser d’eux.
* Les hommes qui disent aimer les femmes sont souvent ceux qui n’ont jamais su voir qui elles étaient, s’en servent pour leur gloire et leur satisfaction égoïste, les désacralisent.
* Ceux qui disent aimer la Terre sont souvent ceux qui la maltraitent avec des machines brutales, la tuent à petit feu avec des produits biocides.
* Ceux qui disent aimer leur peuple sont souvent ceux qui veulent le manipuler impunément, le gruger et le dominer.
Je suis triste pour Renaud. J'avais beaucoup de sympathie et d'admiration pour lui, j'en ai toujours pour l'artiste, mais presque plus pour l'homme qu'il est devenu. Ce pochard aigri arrogant est une insulte à lui-même. Il est devenu tout ce contre quoi il s'insurgeait lorsqu'il était jeune, c'est d'une ironie cruelle. L'auteur d'"Hexagone" est devenu le prototype du Français caricatural pathétique. Renaud, mon gars, relève-toi ! (si tu le peux encore...). Tu vaux mieux que ça, ne laisse pas la société gagner le round final et se gausser cyniquement de t'avoir eu !
La
vie, c’est les montagnes russes, en plus d’être les vases communicants. Tout ce
qui est en haut doit retomber, tout ce qui est en bas finira toujours par
remonter. Et rien n’est aussi attrayant que la montée et la descente, c’est au
début pénible mais finalement c’est ça qui fait l’intensité de la vie. Quand on
est misérable, il est beau et grand de se construire, de gagner ses droits et
sa dignité. Et quand on est de haute condition, rien n’est plus jouissif que de
s’avilir, de s’encanailler.
Zemmour
a beau faire son petit numéro de réac arriéré et de fleuron napoléonien :
il est comme tout le monde, admiratif de la société mixte et épanouie. Pour exemple, c’est
un fan des Rolling Stones. Mick Jagger : un sataniste adepte de divers
stupéfiants dont les déhanchements sont issus de la culture afro et qui est
maquillé comme une drag-queen.
Les bagnoles, ça conditionne la vie de beaucoup de gens...
Est-ce que certaines ne finissent pas par gagner une âme, à force d’attention,
de personnalisations, de tendresses prodiguées ?
Le
désoeuvrement, le manque, peuvent conduire à toutes sortes de pratiques déviantes.
On ne peut juger celui qui les commet que si celui-ci avait tous les choix.
Ecoutais-je
Kaoma et Mecano en boucle quand j’étais petit parce que j’étais prédestiné à
Marìa Soledad, ou était-ce cela qui l’a attirée dans ma vie ? Etait-ce un appel
vers elle ou était-ce l’écho d’un appel émanant d’elle ?
Est-ce le présent qui écrit l'avenir ou le possible avenir qui écrit le présent ?
Le
visionnage de l’adaptation cinématographique de la « Confession d’un
enfant du siècle » par Sylvie Verheyde (Charlotte Gainsbourg y est
resplendissante, les superlatifs manquent pour décrire sa performance) me
remémore les forts justes mots d’Alfred de Musset : « La liberté
amène l’anarchie, l’anarchie amène la tyrannie, la tyrannie amène la liberté ».
C’est vrai, c’est un cycle sans fin dont on a du mal à s’extirper. Lorsqu’on
subit la tyrannie, on aspire à la liberté avec une force qui un jour ou l’autre
finira par triompher de tous les obstacles. Mais on ne sait pas quoi faire de
cette liberté acquise, alors on finit par faire tout et n’importe quoi, prendre
toutes sortes de directions qui au final débouchent sur un « nulle
part », c’est l’anarchie. L’anarchie amène ses maux, son insécurité, sa
vanité, sa désespérance, son cynisme... Alors, on regrette les fers, on aspire à
une vie bien rangée, une conduite déterminée et on réinstalle la tyrannie.
Celle-ci étant favorisée par la décadence qui règne, c'est la plus stupide qui est celle
qui a le plus de chances d’être érigée et ainsi de suite… Que pouvons-nous
choisir comme voie de secours, pour enfin passer à autre chose ?
Personne ne s’intéresse sérieusement à la culture populaire, celle qui
est vraiment dans le cœur des gens, celle qui nous porte, celle que nous
partageons. Pourquoi ? Parce que nous laissons la part belle à de
prétendus « spécialistes » ennuyeux à souhait et qui, trop spécialisés et trop techniques,
ne saisissent pas l’âme des choses. Les gens sont tous des sentimentaux, ce qui
s’engramme en eux c’est ce qu’il y a; pas ce qui ferait bien qui le soit Mais on
passe toujours à côté de sa vie en se concentrant sur ce qui pourrait être
mieux. Le plus gros succès du top 50, c’est « dur dur d’être bébé »,
c’est ça le classique français qui nous unit, et non pas un titre de Léo Ferré.
Être écrivain est quelque chose de difficilement identifiable dans les codes du travail, c'est assez vaporeux, virtuel. Avant l'ère informatique, cela avait plus de corps et relevait plus de l'artistique, on faisait quelque chose de ses mains s'apparentant à un travail d'artiste, à un savoir-faire esthétique. De nos jours, l'activité manuelle de l'écrivain n'a plus rien du tout de celle d'un sculpteur ou d'un peintre, c'est au mieux une habileté de dactylo.
Quelqu’un qui
attend dans un café quelqu’un dont il ne connaît pas le visage (situation qui m'arrive régulièrement quand j'ai rendez-vous avec un journaliste). A chaque nouvel
entrant, il lance de curieux regards émus, des appels... Les entrants doivent
trouver cela bizarres, surtout que cela va s'accentuer jusqu'à l'extrême s’ils vont ensuite en direction de celui qui
fait comme Charles, pour aller par exemple aux toilettes.